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08 février 2024

Tramezzinimag remonte le temps avec Wayback Machine !

Comme je l'annonçais en fin d'année, Tramezzinimag, s'il n'a pas retrouvé le nombre de lecteurs quotidien et a perdu plus de 80% de ses abonnés depuis ce jour fatidique du 28 juillet 2016 où le site fut avalé par un robot gourmand avec la totalité des archives, notes, vidéos, sons, photos, ou par la volonté inique de certaines personnes que les billets dérangèrent, a résisté. Tramezzinimag II a pris la suite et vaillamment, avec une équipe réduite au minimum, nous avons reconstitué le blog. 

Ce type de medium ne serait apparemment plus à la mode, parce que selon ses détracteurs in gamba (*), c'est devenu un outil trop figé, constitué de textes trop longs et trop détaillés pour les esprits d'aujourd'hui qui préfèrent survoler qu'approfondir et zappent en permanence, tous de plus en plus pressés... 
 
Simple constat, nul jugement. La vitesse, la précipitation sont des notions tellement absurdes quand il s'agit de Venise, de sa civilisation et de la vie qu'on y mène. Alors pourquoi se ranger aux idées reçues et suivre à tout prix les modes. Tramezzinimag veut rester pour ses lecteurs une sorte de revue en ligne, la Première Revue en Ligne des Fous de Venise ! Vos messages et vos soutiens montrent bien que le blog a encore sa place.

En retrouver les pages perdues est donc depuis des mois notre mission. Bien des billets sont encore à repêcher sur la Toile (encore un terme qu'on n'emploie plus 19 ans après la naissance de Tramezzinimag...

Sa résurrection, avec le soutien de lecteurs fidèles, tous devenus de vrais amis, mais aussi grâce à un outil web dont nous ne vanterons jamais assez les mérites, l'extraordinaire Wayback Machine - littéralement « machine à revenir en arrière » -, inventé  un organisme à but non lucratif, Internet Archive (**) qui permet d'accéder aux clichés instantanés de pages web qu'il stocke depuis sa création. Sans cette gigantesque bibliothèque numérique, les 2148 billets publiés entre le 7 mai 2005 et le 16 août 2016 auraient été irrémédiablement perdus. 

Le temps passé à reconstituer les pages anciennes, repostées avec les dates d'origine (même année, même même jour, même heure) pour en faciliter la recherche par les lecteurs, se fait au détriment de la création de nouveaux billets. 

Mais ce n'est que temporaire, nous avons tellement d'idées de sujets à évoquer pour nos lecteurs et la relecture des billets d'il y a huit, douze ou dix-huit ans nous permet de mesurer comment les choses ont évolué ou se sont dégradées pour Venise, les vénitiens et la lagune. 

Le plus souvent - et je l'écris avec une certaine fierté - les positions de Tramezzinimag n'ont que très rarement étaient contredites par les évènements, si ce n'est la position vis-à-vis du M.O.S.E.(***) dont nous pensions qu'il ne serait jamais qu'une grosse arnaque, juteux moyen pour certains, hommes et partis politiques, de se remplir les poches à des fins fort éloignées des intérêts vitaux de la Sérénissime et de ses habitants. L'outil fonctionne, du moins pour l'instant et c'est tant mieux.
 
Avec ma petite équipe de fidèles, je tenais à remercier ceux qui nous soutiennent et nous suivent régulièrement. Qu'ils soient abonnés depuis le tout début ou nouveaux lecteurs arrivés par hasard sur ces pages, nous les invitons à farfouiller dans les sommaire qui s'étoffe chaque jour avec les billets d'avant 2016 peu à peu reconstitués (****).
 
A titre d'exemples, vous trouverez dans pour l'année 2009 des billets toujours d'actualité quinze ans après leur parution. L'ensemble des recettes gourmandes de Tramezzinimag aussi a été reconstitué... Wayback Machine nous a permis de retrouver aussi les nombreux commentaires de nos lecteurs. Cela, je l'espère, incitera les lecteurs actuels à laisser leurs propres avis et demandes, comme le firent les lecteurs à l'époque. Plus de 1.400.000 visiteurs  de de 2005 à 2016 avec la première version, 472.894 depuis août 2016. Merci à nos lecteurs !


Notes :

*
« In gamba», littéralement « en forme» est à la fois l'équivalent italien de doué, intelligent, cool... Il est souvent utilisé pour qualifier quelqu'un « à la mode » et par extension, parfois avec ironie, désigne ceux qui suivent le mouvement, les modes et les courants dominants. 

**
Internet Archive dont l'acronyme IA est avant tout synonyme aujourd'hui d'Intelligence Artificielle dans l'esprit de tous) est un organisme à but non lucratif consacré à l’archivage du Web qui agit aussi comme bibliothèque numérique. Ces archives électroniques sont constituées de clichés instantanés (copie de pages prises à différents moments) de pages web, de logiciels, de films, de livres et d’enregistrements audio. Pour assurer la stabilité et la sécurité des données archivées, un site miroir fonctionnel est conservé à la Bibliotheca Alexandrina en Égypte. L’IA met gratuitement ses collections à la disposition des chercheurs, historiens et universitaires. Située dans le Richmond District, au sud de San Francisco, elle est membre de l'American Library Association et est officiellement reconnue comme bibliothèque par l'État de Californie.(source : Wikipedia, 08/02/2024)


 


25 décembre 2023

avec Giorgione, Tramezzinimag vous souhaite un Joyeux Noël !

 

 TraMeZziNiMag

est heureux de vous souhaiter 

 un 

Très Joyeux Noël !

Bonnes Fêtes de Noël à nos fidèles lecteurs et amis, aux auteurs, photographes, illustrateurs, journalistes, tous les Fous de Venise du monde entier qui nous soutiennent depuis la création du blog, en 2005 !  



20 août 2023

Où il est question du passé bien rangé dans de belles boîtes et de la lune bleue joliment jaune

Un titre inhabituellement long pour ce billet inspiré par les semaines passées et cet été 2023 qui fut à la fois somptueux et misérable. Il n'est pas loin de sa fin bien que demeure encore dans l'air l'espérance d'autres belles journées à venir avant l'automne. Demain, ce sera la (deuxième) pleine lune d'août, une de ces splendides lunes bleues qui font rêver les enfants poètes. 

Déjà depuis deux jours elle est là, jaune comme du sable avec son visage immortalisé par Méliès (*), sans la fusée dans l’œil mais jaune comme le réalisateur l'avait imaginée. Avec elle un changement de température mais aussi un air plus fluide, plus léger et presque frais. Un ciel bas aussi prémices de l'automne qui n'est plus très loin ; comme un avertissement. 

Surpris, les gens délaissent les terrasses et les rues sont presque vides. Il n'y a pas que le climat bien sûr, l'ambiance est morose depuis plusieurs mois et le retour des vacances s'avère encore plus douloureux que d'habitude. Les prix qui flambent (pourtant la valeur des matières premières diminue), la crainte de ceux sur qui on continue de faire pression dans les medias et qui appréhendent le retour de la pandémie. Ils me donnent envie de raconter une fois encore ce que furent les vraies pandémies de notre histoire, la fulgurance de leur extension, la mort se propageant partout à une échelle qui rend ridicule les chiffres des victimes du Covid.. 

Mais ne repartons pas dans les polémiques même si la colère est grande devant la gigantesque esbrouffe des nos dirigeants et ce presque partout dans le monde... Bref bien des raisons de se sentir tendu sur cette planète... Pourtant le beau temps revient toujours après la pluie et jamais les entreprises diaboliques - que l'on croit au démon ou pas - ne triomphent jamais. 

Rester positif, résister à la morosité, sourire à la vie... C'est certes plus facile dans nos régions méridionales où le soleil se fait bien plus rieur qu'ailleurs, où les cœurs sont rompus aux petites joies, aux bonheurs du quotidien. N'est-ce pas tout ce dont l'être humain a besoin ? 
 
Ne plus craindre, croire en Dieu, en l'autre, aux lendemains meilleurs, à la paix, à la solidarité, à l'amour, à la main tendue... Il y a du chemin à faire pour que tous nous comprenions la nécessité de nous unir, de nous entraider, de nous accepter. Les religions semblent ne plus attirer beaucoup de monde, sauf les extrêmes dont la violence, la hargne sont bien éloignées des valeurs d'amour, de paix et de tolérance pour n'être que des codes moraux rigides et hypocrites, des organisations au service des pouvoirs les plus corrompus et les plus indignes de lever un seul regard vers le Créateur. 
 
Certes, il ne faut pas généraliser, bien des communautés, des Églises, des femmes et des hommes aux vies consacrées sont des ilots de paix et d'amour, d'écoute et de patience. Ils montrent la route et ce n'est pas celle que les pouvoirs tracent pour les peuples. Ils ne veulent que des petits soldats, des esclaves soumis et pour être de notre temps, des consommateurs dociles. Ce n'est pas l'esprit de Tramezzinimag ni de ses lecteurs.

Les circonstances ayant obligé votre serviteur à passer bien plus de temps que de coutume en France (**), à la maison, j'en ai profité pour faire du rangement, trier, classer, jeter. Rester en ville, calfeutré pendant les heures les plus chaudes comme on le faisait autrefois à Palerme dans les palais de l'aristocratie où une salle sans fenêtre, souvent aux murs très épais, au sol de marbre permettait d'échapper au vent torride venu d'Afrique et aux températures semblable à celles que nous avons connu, souvent une fontaine d'eau claire rafraîchissait les lieux. Nos temps disposent de l'air conditionné, qu'on nous interdira bientôt d'utiliser car peu écologique pour les smart cities, ce projet que d'aucuns disent fascisant, concocté par des ayatollahs du marketing et relayés par dls écologistes ultras, qui nous interdira de trop se doucher, de trop manger de viande ou d'arracher les herbes folles qui enlaidissent les trottoirs. 

J'ai rangé donc. Et comme toujours j'ai redécouvert mille vestiges, humbles souvenirs de jolis moments de vie comme nous en avons tous. La première boite ouverte contenait des pochettes de photos datant de l'époque pas si lointaine où nos souvenirs restaient visibles et palpables, fixés durablement sur du papier, dans des cadres sur les meubles ou aux murs

Longtemps j'ai fait le choix de faire tirer mes photographies. Après l'argentique (Ah combien je regrette mon petit laboratoire avec son agrandisseur Crocus, l'odeur si particulière du révélateur, les clichés mis à sécher sur un fil avec des pinces à linge, l'ampoule rouge...), il y a eu les tirages en machine à la FNAC ou chez les photographes qui tentèrent de s'adapter pour subsister. Parmi les photographies retrouvées, ces petits fragments de vie vénitienne, comme les témoins d'un temps révolu. 
 
J'y reconnais l'entrée de la Biennale à l'Arsenal, impossible de bien lire la date du journal mais au livre que je lisais il doit s'agir de l'été 2015, l'année du reportage pour la RTS avec mon ami et complice Antoine Lalanne-Desmet, de l'appartement de Santa Maria Formosa, de la disparition du premier Tramezzinimag pour une raison encore jamais expliquée... Mais je suis en train de lasser le lecteur par toutes ces digressions qui se bousculent au fil de ma plume (cf. les billets de cette époque). 

Cet été-là, le hasard m'avait fait retrouver un ami de jeunesse. Je prenais un verre à la Misericordia. Il était dans le même bar avec une autre de mes amies d'avant, «du temps où je vivais à Venise». Joie des retrouvailles. Tellement de choses à nous dire. Sont arrivés des jeunes, parmi eux il y avait son fils. Même génération que mes enfants. Présentation, échanges de propos avec une bienveillance réciproque. Quelques jours plus tard, pressé de me rendre à un rendez-vous du côté de Sant'Elena, je le recroisais. Le ragazzo avait déposé sa petite amie à la bibliothèque et avait amarré sa barque sous le pont qui mène à la Querini Stampalia. Comprenant que j'étais en retard, il se proposa de m'amener là où je devais aller.
 
Cette balade improvisée jusqu'à Sant'Elena fut une sorte de flashback comme dans un film. Je me suis revu avec mes amis d'alors parcourant - à la rame, il y avait encore peu de barques à moteurs encore chez les jeunes - les rii, traversant le canalazzo, bavardant et riant.

Mes lecteurs les plus fidèles sauront pour l'avoir lu souvent lu dans mes billets que mon coeur depuis toujours se partage entre la France, l'Italie - particulièrement Venise bien évidemment -  et la Grande-Bretagne. 

L'âge venant, la nostalgie se fait bien plus assidue qu'autrefois, quand la vie active, les enfants, la nécessité d'aller à l'essentiel occupaient suffi-samment ma vie pour que remontent à la surface les souvenirs d'autrefois, petits et grands moments de l'enfance et de la jeunesse. Cette période unique où nous voulons être plus grands, plus forts, plus libres tout en nous félicitant d'être aimés, protégés, portés. Paradoxe de l'homme qui se satisfait rarement du présent, pressé d'entrer dans un avenir rêvé, promesse d'indépendance et de liberté. 



 

 

 

 

__________________

NOTES

(*) - Le voyage dans la lune, Georges Méliès, 1902.

(**) - En expliquer le pourquoi serait digne d'un mauvais roman de non-aventure avec des non-héros et des nuages toxiques. Ne perdons pas de temps avec cela. Une page tournée.

16 juin 2022

Initialement prévue pour juin 2020, la France fêtée par Proloco Lido est enfin une réalité !

Il aura fallu beaucoup de patience et de détermination à tous les organisateurs pour mener à bien cette manifestation longuement concoctée dès 2019 et qui aurait dû se dérouler du printemps à l'automne 2020 si la crise sanitaire n'était pas venue tout bouleverser. Deux ans plus tard, le projet voit le jour et c'est, ce samedi, le moment le plus attendu : la dégustation de vins et de fromages français dans un des plus jolis hôtels du Lido, la Villa Mabapa où règne le fringant Antonio Vianello, dynamique directeur de l'établissement, à la tête d'un personnel sympathique et attentif à rendre aux visiteurs leur séjour le plus agréable possible et à l'avocat Luca Serafini, membres très actifs du mouvement Proloco Lido di Venezia-Pellestrina

Samedi, dès 20 heures une soixantaine de chanceux - ceux qui ont pris soin de prendre assez tôt leur réservation et quelques invités pourront goûter des vins bordelais issus de l'agriculture biologique et des fromages artisanaux amenés par les producteurs qui les feront déguster. Un groupe de musiciens accompagnera la soirée qui se déroulera dans les jardins de la Villa Mabapa, cet hôtel de belle renommée pour son accueil son style et la qualité de sa table. A ce propos, les hôtes ne se contenteront pas de vins et de fromages, mais ils se régaleront de plats traditionnels des provinces de France réinterprétés par le cusuinier et son équipe.

Pour ceux qui sont à Venise ce jour-là, venez ! Il reste encore quelques places.


05 mars 2022

Coups de Cœur N°58

Le printemps n'est plus très loin. Déjà les grues sont revenues. Ne serait l'actualité, toujours lourde et préoccupante, les odeurs de poudre et la peur de beaucoup qui prend une autre dimension. Après la crise sanitaire, la crise ukrainienne. Alors tout est bon pour rasséréner l'atmosphère, les esprits et les cœurs. Un bon moyen pour cela, les livres, la musique et des gourmandises à partager. Tramezzinimag vous livre ses derniers Coups de Cœur, 58e numéro.

Casino Venier, Venise
Ouvrage collectif
Editions serge Safran
avec un Cahier illustré en couleur
2021; 192  pages
ISBN : 979-10-97594-57-2 
22, 90 €
Notre consul, Marie-Christine Jamet, qui enseigne la linguistique à l’université Ca’ Foscari est membre depuis longtemps de l'Alliance Françaiselle dont elle a été la directrice de 2010 à 2018 a eu l'idée géniale de ce livre qu'elle a ardemment défendu jusqu'à ce qu'enfin il voit le jour et c'est un bonheur que de le pouvoir enfin lire et offrir. Le Casino Venier est un lieu unique que la France a permis de sauver en finançant sa restauration. Je me souviens de l'inquiétude d'un assesseur à la culture, était-ce Domenico Crivellari, je ne sais plus vraiment, qui avait parlé à l'époque d'une transformation des locaux en bureau pour le service des eaux ou de l'électricité, à l'étroit dans un immeuble de l'autre côté du rio.  « Dans le sillage de Casanova, les écrivains contemporains Claire Arnot, Philippe Claudel, Lucien d’Azay, Paul Fournel, Stéphane Héaume, Dominique Muller, Dominique Pagnier, Dominique Paravel, Marc Pautrel, Alain Sagault, Gérald Tenenbaum, Michèle Teysseyre et Gabriella Zimmermann consacrent au Casino Venier de Venise un récit inédit lié à ses mystères et beautés» dit le texte de présentation de l'ouvrage. Un petit livre agréable, écrit par des plumes passionnées de Venise que Tramezzinimag recommande à ses lecteurs, ceux qui connaissent bien les lieux et ceux qui n'ont pas encore eu la chance de le visiter. Au Casino Venier, en dépit de l'état, du mobilier moderne (c'est aussi un bureau et une école de langues), on  respire l'air du XVIIIe siècle, surtout le soir, au temps du carnaval quand par les vitres des fenêtres anciennes on voit passer furtivement de jolis masques du temps de Goldoni quand la sérénissime attirait le monde entier pour ses fêtes et ses réjouissances. L'ouvrage a reçu le soutien de l’Alliance française et de la Fondation Bru-Zane. Les auteurs ont tous cédé leurs droits à l'Alliance Française qui a toujours besoin de notre soutien. Vous pouvez le commander en ligne mais aussi dans n'importe quelle librairie.

Paola Mastocola
Una Barca nel bosco 
Guanti editore, 2004 
12 €
Un roman épatant, malheureusement non (encore) traduit en français. Gaspare Torrente, fils de pêcheur et aspirant latiniste,Dès les premières lilgnes, le lecteur est plongé in media res  dans la vie d'un adolescent un peu différent.  Venu d'une petite île du sud de la péninsule, Gaspare Torrente fils de pêcheur, nageur et amateur de plongée sous-marine, débarque à Turin sur les conseils de son mentor,  son  professeur de français, une certaine Madame Pilou, pour rentrer au lycée. Le père reste dans l'île, et Gabriele s'installe avec sa mère chez la  zia Elsa. Un adolescent par tout à fait comme les  autres, qui à trize ans aime traduire Horace et lit Verlaine dans le texte. Au fil des pages, Gaspare évoque ses pérégrinations, ses attentes, ses déboires et son désarroi. La vie qu'il mène et qu'il décrit avec beaucoup d'humour (on rit beaucoup dans le livre et parfois aussi au détour d'une page, l'émotion est très forte) montre combien il se sent décalé, au mauvais endroit au mauvais moment, comme une barque dans la forêt...
Paola Mastrocola est née en 1956 à Turin où elle a fait des études de lettres. Après avoir enseigné pendant quelques années à l’Université d’Uppsala en Suède, elle est professeur dans un lycée de Turin. Elle écrit des essais et des romans pour la jeunesse, puis publie son premier roman en 2000. C’est le succès d' »Una barca nel bosco » (Prix Campiello 2004) qui lui permet de quitter l’enseignement pour se consacrer entièrement à l’écriture pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.
 
Robert de Laroche
La Vestale de Venise. Une enquête de Flavio Foscarini
Gallimard
Coll. Folio Policier N°952, 
Parution : février 2022
 
Lucile Boulanger
Solo Bach-Abel
Label Alpha Classics
sorti en janvier 2022
2 CD. 90 mn.
22 €
Lucile Boulanger signe ici son premier récital solo. La gambiste française dont tout le monde loue la justesse et l’émotion du jeu (Le BBC Music Magazine l’a qualifiée de « Jacqueline du Pré de la viole de gambe ») met en parallèle Johan Sebastian Bach et Carl Friedrich Abel, grand maître de la viole et très proche de la famille Bach. Si Johan-Sebastian n’a jamais écrit pour la viole de gambe seule, on sait qu’il transcrivait beaucoup de ses œuvres pour plusieurs instruments. Lucile Boulanger a choisi par exemple de transcrire trois danses de la Sixième Suite,  « car elle sonne particulièrement bien à la viole puisqu’elle est écrite pour violoncelle à cinq cordes (un pas vers les six ou sept cordes de la viole ?), » explique-t-elle. « Elle est en ré, tonalité de la viole par excellence, et son style déjà un peu galant n’est pas sans rappeler celui d’Abel . (…)  Cet album me donne l’occasion de faire entendre la viole comme instrument à la fois mélodique - avec le grain de l’archet, la fragilité du son - mais aussi polyphonique. » Un très bel enregistrement, un son parfait. A écouter en lisant le livre de la Mastrocola !
   
Theotime Langlois de Swarte & Les Ombres
 
Vivaldi, Leclair, Locatelli, Violin Concertos  
Label Harmonia Mundi 
Février 2022    
HMM902649
16,99 €  
La carrière fulgurante de Théotime Langlois de Swarte n'aura pas échappé aux lecteurs de ce blog. Issu du Conservatoire National Supérieur de Paris (dans la classe de Michaël Hentz), il fonde avec le claveciniste Justin Taylor l’ensemble Le Consort (premier prix et Prix du public 2017 du Concours international du Val de Loire). L’ensemble collabore avec des artistes tels que Eva Zaïcik, Véronique Gens ou encore le violoncelliste Victor Julien-Laferrière. Les enregistrements de l’ensemble sont couronnés en 2019 par un Choc Classica (Venez Chère Ombre) et un Diapason d’Or de l’année 2019 (Opus 1). Violoniste passionné et éclectique, dont le répertoire s’étend du XVIIe siècle à la création contemporaine, il est nommé aux Victoires de la musique classique 2020 dans la catégorie Révélation soliste instrumental où il représente pour la première fois le violon baroque. Depuis, il se produit dans le monde entier. Excusez du peu ! 
Le jeune homme continue avec ce disque, son exploration du répertoire violonistique du début du XVIIIe siècle, mettant en lumière les liens qui unissent trois compositeurs-phare de l'épque : Vivaldi, père du concerto pour violon, et ses de ses plus brillants cadets, Locatelli et Leclair. Un disque qui, par-delà les jeux d'échos et de filiations, révèle l'extraordinaire versatilité d'un instrument aussi virtuose que poète.Théotime, lauréat de la Jumpstart Foundation et de la Fondation Banque Populaire,  joue sur un violon de 1665, du luthier autrichien Jakobus Stainer. Il a aussi joué et enregistré après Augustin Dumay et Pierre Amoyal sur le fameux «Davidoff» de Stradivarius du Musée de la Musique.
 
Kowen Ko (柯智棠)
Songs of the Bards (吟遊)
Label 何樂音樂 PQPMusic
CD 2018 
Ce jeune taïwanais qui s'est fait connaître en 2018 en Europe avec une chanson mélancolique «The Joy of Sorrow» est une personnalité en vogue de la scène musicale de Taipeï et ce depuis 2016. C'est un étudiant de Hong Kong qui me l'a fait connaître et je dois dire qu'à la première écoute, je croyais avoir à faire à un de ces jeunes chanteurs pop interchangeables qui ont une belle voix, un physique de jeune premier parfait pour rendre hystérique filles et garçons adolescents. Mais en réécoutant ses chansons, je suis vite revenu sur mon premier jugement, un peu trop à l'emporte-pièce. Le garçon a réellement du talent, les paroles de ses chansons ont du sens, leur poésie élaborée, l'interprétation sensible et comme souvent chez les artistes asiatiques très travaillée sans jamais perdre la sincérité et l'originalité de l’œuvre présentée. Primé en Asie dans différentes manifestations, on l'entend parfois sur les ondes européennes et c'est bien. Une mélodie et un style plus britannique qu'américain ou australien. De la pop cultivée, voilà comment je définis sa musique. Je vous invite à écouter Kowen dans «It was my way», «You are» (une de mes préférées) et bien sûr, «The Joy of Sorrow» qui figure dans un autre album. Une sorte de mélancolie ensoleillée qui accompagne bien ces premiers beaux jours et peut apaiser les coeurs meurtris par les tensions du monde d'aujourd'hui. Au point que je viens de proposer certaines de ses chansons pour un documentaire en préparation dans lequel tramezzinimag est impliqué. Ecoutez, et vous me direz si mon plaisir est partagé (ICI). 
 
C'est bientôt le printemps et déjà le temps se fait plus doux. Pourtant, en plein milieu de l'Europe, il y a le bruit des canons et l'odeur de la poudre. Devant le sillage de ce coup de force épouvantable perpétré par une Russie - pays ami mais qu'on ne reconnait plus - contre un état libre et souverain, il est difficile de rester serein. 
Pourtant il nous faut garder l'espérance. Le mal et la violence ne triomphent jamais et le bien l'emporte toujours. C'est pourquoi, nous avons souhaité ajouter sur la liste des Coups de Cœur de Tramezzinimag, la formidable  détermination des ukrainiens, unis dans la résistance contre l'envahisseur russe, la prise de position des artistes et des écrivains russes contre cette guerre fratricide, la solidarité de tous les peuples d'Europe et d'ailleurs, toutes les aides spontanées, les mains tendues pour accueillir les réfugiés !
хай Бог береже Україну та українців ! (Dieu protège l'Ukraine et les ukrainiens !)
 
Rien de tel pour gonfler nos cœurs  qu'un bon gâteau. Voici la recette de la brioche vénitienne, dite la Veneziana alla crema
 
Ingrédients :
•    Pour la pâte :
80ml de lait / 5g de levure de bière fraîche/280g de farine fine /45g sucre semoule / 2g de sel / 1 œuf moyen / 1cc d’extrait de vanille ou ½ gousse de vanille grattée /40g de beurre ramolli taillé en cubes
•    Pour la crème pâtissière (à peu près 600 ml) :
500ml de lait entier / 70g de sucre semoule / ½ gousse de vanille / 3 jaunes d’œuf / 40g de farine fine
•    Pour la décoration :
Lait entier et perles ou vermicelles de sucre.

Préparation :
Dissoudre la levure dans un bol avec le lait tiède et mettre de côté. Dans un autre bol, mettre la farine, le sucre, le sel et le levain obtenu. Mélanger le tout à la main ou au robot avec le bras épais, puis ajouter les œufs et la vanille. Le tout environ 10 mn puis ajouter le beurre ramolli par petits morceaux.
Continuer à remuer jusqu’à ce que l’appareil forme une pâte compacte.
Laisser lever qui doit doubler de volume.

Pendant ce temps, préparer la crème pâtissière : dans une casserole faire chauffer le lait ( à peu près 80° presque jusqu’à ébullition) avec 35 g de sucre et la vanille.

A part, dasn une autre casserole,, mettre les jaunes et les mélanger au fouet sans les faire monter ouyis ajouter la farine et mélanger le tout.

Quand le lait est chaud, le sortir du feu et le verser peu à peu sur les œufs en mélangeant au fouyet pour bien mélanger la crème. Mettre la casserole sur à feu moyen et continuer de remuer la crème pour éviter la formation de grumeaux.

Remuer sans cesse pendant cinq minutes jusqu’à ce que la crème soit cuite et onctueuse. Verser-là dans une terrine de verre ou d’acier pour la laisser refroidir, la couvrir avec un film alimentaire directement sur la surface de la crème pour éviter que ne se forme la fameuse peau qui gâche tout. Mes enfants détestaient quand il y avait de la peau et cette idée du film alimentaire sur la crème est une invention géniale de leur grand-mère !

Sur un plan de travail légèrement fariné, mettre la pâte gonflée et la diviser en dix parts égales. Façonnez la pâte en boules et disposez-les bien écartées sur deux plaques recouvertes de papier cuisson beurré et fariné légèrement. Recouvrez le tout d'un film alimentaire et laissez lever une heure.

Allumer le four à 180°.

Badigeonnez les brioches bien gonflées et faire une entaille en croix sur le dessus, puis versez la crème dans la découpe obtenue et complétez avec les grains de sucre juste avant d’enfourner. Faites cuire les brioches pendant environ 20 minutes, Lorsque, en tapant sur le fond, cela sonne creux, les veneziane sont cuites. Sortir du four et laisser refroidir complètement avant de servir.

28 janvier 2022

Gourmandise hivernales

Le bar de RosaSalva défiguré par la fontaine de gel hydro-alcoolique, sacro-saint bénitier de la nouvelle religion sanitariste...

Les fritelle sont revenues. A défaut de pouvoir les goûter sur place, des amis attentionnés m'ont fait la surprise de m'en faire passer par un de leurs voisins de passage en France. De vraies fritelle de chez Rosa Salva, dans une petite boîte joliment décorée de dessins et de collages, qu'accompagnaient une bouteille de prosecco de Sullaluna, des portions de torta di mandorla (le paradis des papilles), un exemplaire du Gazzettino, un énorme morceau de parmesan et un autre de pecorino, de la charcuterie de chez mon fournisseur préféré et même de la bacalà séchée... 

L'impression en recevant ce visiteur attendu, d'une visite au parloir où je serai le pauvre pensionnaire esseulé, triste d'être éloigné des siens ou le prisonnier au secret qui rêve d'évasion et aimerait retrouver sa ville, sa vraie patrie... Envie soudaine de relire Pellico voire le récit de l'évasion (rocambolesque) de Casanova quand il croupissait sous les Plombs du Palais des Doges... 

Derrière la comédie universelle et l'hystérie collective, cette crise sanitaire aura été pour moi avant tout la privation de ma vie vénitienne, la confiscation d'un quotidien bien règlé entre le macchiato matutinal de chez Rosa Salva et les salles tranquilles de la Querini Stampalia, les courses au Rialto ou à l'étal de légumes de la prison des femmes de la Giudecca, les chats de l'Ospedale, la passeggiata entre San Luca et les Zattere, les verres entre amis du côté de la Misericordia, le take away de la rosticceria San Bartolomeo, le gianduiotto de Nico et la tournée des antiquaires... Les vols directs et à bas prix n'existent plus, les exigences sanitaires l'emportent sur le bon sens et le monde n'est plus du tout celui qu'il fut il y a quelques mois encore... 

Heureusement, les fritelle existent toujours pour le plus grand bonheur des grands et des petits. Il y a deux ans encore, je m'en régalais chaque jour, à chaque moment de la journée,n pendant le temps du carnaval. je me souviens m'être disputé avec une jeune mouette et quelques moineaux dans l'orto del campanile, au pied du pêcher. Mes deux dernières fritole étaient convoitées par les volatiles. Agacé par l'insistance de l'oiseau marin qui jacassait à la fois pour éloigner les pauvres moineaux et pour me forcer à lâcher le petit beignet onctueux garni d'une crème fabuleusement douce au palais. Je fis un geste trop vif et le sac en papier qui contenait l'ultime gourmandise tomba au sol aussitôt fourreagé par le bec croche de l'enfant mouette qui s'envola triomphant. Je l'injuriais vivement et jetais aux petits oiseaux narris les dernières bouchées de la fritelle... Inutile de vous dire que je repassais par la pâtisserie du pont des Pugni pour refiare une provision de ces délicats petits beignets carnavalesques que je protégeais des prédateurs ailés du coin en passant par les ruelles qui longent la Toletta, le sac en papier bien à l'abri entre mon journal et mon blouson. On ne m'y prendrait pas deux fois.


Pour les amateurs, Tramezzinimag a publié deux recettes de Fritole. Celles de la mia nonna (en réalité celles que faisait la cuisinière de la famille quand ma grand-mère et ses soeurs étaient enfants) et celle d'une éminente et truculente vieille dame de San Gerolamo. Pour les lire c'est ICI et ICI.


12 novembre 2020

C'est aujourd'hui la Saint Martin, la fête des enfants de Venise

"E col nostro sachetin, ve cantemo el San Martin" 

Ces paroles d'une filastrocca (comptine) traditionnelle en Vénétie auront marqué des générations d'enfants depuis des lustres. Le 11 novembre à venise, on fête la San Martino d'une manière on ne peut plus bruyante. Partout sur les campi et dans les calle de la ville des bandes d'enfants se répandent munis de casseroles et de couvercles sur lesquels ils frappent avec des louches et des cuillères en bois, en répétant cette comptine que nous avons tous chanté. En dépit de la concurrence d'Halloween qu'on essaie d'imposer depuis des années en Europe pour des raisons commerciales, la San Martino continue d'être très attendue par les enfants et les familles. C'est un rite joyeux dont peu de gens, adultes ou enfants, connaissent l'origine.

 
Sur le campo San Barnaba, 11 novembre 2020 
 
Cacophonie et tintamarre, bonbons et pâtisserie traditionnelle en forme de Saint Martin sur son cheval, c'est Saint Martin qui est fêté. C'est la fin de l'année, les dernières récoltes sont rentrées, la campagne prépare son hibernation et il faut célébrer cela. Et depuis des siècles, les enfants descendent dans les rues pour semer la confusion et faire le plus de bruit possible. Tous connaissent les paroles de la comptine typique de Venise. Mais peu de gens se souviennent de ce qu'on racontait encore aux enfants de ma génération et dont personne n'a jamais pu confirmer la véracité. Il y a tant de légendes à Venise et dans les environs qui mêlent de véritables évènements à des faits inventés ou magnifiés.
 
San Martin xè andà in sofita
par trovar la so noviza;
so noviza no ghe giera,
San Martin xè andà par tera.
 
E col nostro sachetin,
ve cantemo el San Martin.
 
Su 'sta casa ghe xè do putele
tute risse e tute bele
col viseto delicato
suo papà ghe lo gà stampato.
 
E col nostro sachetin,
ve cantemo el San Martin.
 
Siora Cate xè tanto bela
in mezo al peto la gà 'na stela,
se no la gavesse maritada
so papà no ghe l'avaria dada.
 
E col nostro sachetin,
ve cantemo el San Martin.
 
Siora Lussia la fassa presto
ch'el caigo ne vien adosso,
el ne vien adosso sul scarselin,
siora Lussia xè San Martin.
 
On expliquait par exemple les surprenantes paroles du premier couplet où il est dit que San Martino va dans une soupente retrouver sa fiancée (la noviza, la promise) et que ne la trouvant pas, il en tombe  xé anda...col cul par tera (nul besoin de traduire je suppose !). Voilà ce qu'on racontait chez moi : Il y a très longtemps, dans le sestier de Castello, dans la contrada de San Francesco della Vigna, habitait un vieil homme célibataire ou veuf, appelé Martino, dont tout le monde se moquait. Il courtisait les filles jeunes. Un jour l'une d'elles attirée par la fortune du vieillard céda. Martino dès lors la considérait comme sa promise, sua noviza, à tout jamais. Un jour, il monta dans la soupente où vivait la jeune fille et ne la trouvant pas, il découvrit qu'elle était en douce compagnie. Il en fut tellement surpris, qu'il en  tomba le cul par terre...

 

Crédits Photographique Catherine Hédouin - novembre 2020