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29 février 2024

En ces temps de médiocrité et d'imposture...

Poséidon and co surveillant l'entrée de l'Arsenal - © Catherine Hédouin, 2020.

Ce billet d'humeur a été publié la première fois en mai 2017. L'époque était sombre mais le pire finalement était à venir... En le remettant en ligne ces derniers jours, j'ai eu envie de le présenter aux lecteurs de 2024. Sept ans après, il y a eu le COVID et l'éclatement de notre ancien monde, pas mal de dégâts, davantage dans les esprits et les cœurs qu'au niveau des victimes que d'aucuns annonçaient par anticipation à des millions de morts. Des guerres - ce n'est pas nouveau - de plus en plus de membres des élites politiques (c'est salir ce joli mot désormais) qui semblent ne s'intéresser car leurs privilèges et à l'argent qu'ils peuvent entasser, des chefs d’États puissants qui sont traduits devant la justice de leur pays, des dictatures qui refleurissent un peu partout et des gens fatigués de beaux discours et qui ont peur de l'étranger, de la différence, sont prêts à confier notre destinée à des remugles d'une époque qui pue encore. Bref, il y aurait de quoi se lamenter, mais la jeunesse d'aujourd'hui demeure joyeuse et spontanée, généreuse et turbulente, partout des associations d'entraide et de secours tendent une main généreuse à ceux qui sont dans la souffrance, la misère, le rejet. 
 
By courtesy © luisella_romeo, juillet 2020

Et Venise, qui perd chaque jour de  nouveaux habitants palpite toujours sous le même ciel. La ville résiste, son peuple résiste, ses étudiants résistent. Tout n'est pas rose dans notre monde, mais à regarder les canards batifoler dans les canaux, entendre les enfants qui sortent de l'école et jouent sur les campi, les étudiants qui se retrouvent du côté de la Misericordia, ceux qui voguent comme le faisaient leurs ancêtres, les cloches qui sonnent de campanile en campanile, tout redonne à celui dont le coeur reste ouvert au monde, bienveillance et sourire. Oui nous vivons encore davantage des temps de médiocrité et d'imposture, mais comme le proclamaient les nombreux panneaux qu'on croisait dans les rues de Venise durant cette période incroyable du confinement « Andrà Tutto Bene », car la raison et la joie ne meurent jamais. Gardons espoir ! Bonne fin de semaine à vous !
 
 04/05/2017
Pour que la tristesse du constat qu'aucun esprit éveillé et libre ne peut pas ne pas ressentir, pour que ne s'étiole pas l'envie d'écrire et ne parte en fumée l'enthousiasme qui nous conduit chaque matin à créer, construire, inventer, partager pour davantage de beauté et d'amour, rien de tel qu'un retour sur soi. 
 
Dans le confort de la maison, les volets tirés, une tasse de thé et quelques biscuits à portée, loin de la fureur du monde et des conversations consacrées à ce second tour des élections présidentielles, votre serviteur s'est retiré. Les Lettres d'une vie de François Mauriac, Les Lettres de Gourgounel de Kenneth White et son essai, Les Cygnes sauvages, un texte de Jouve et un autre de Jacottet, voilà de quoi nourrir ma soif de pureté et d'authenticité. Pour compléter l'ensemble, le chant nostalgique mais serein du piano de Gabriel Fauré, interprétant (en 1913) sa Pavane (Opus 50) composée en même temps que son célèbre requiem et la version jazz de Bill Evans

 
 
Nostalgie d'un temps où les arts et la culture comptaient bien plus que les comptes bancaires ou les vulgaires calculs politiciens. Mais face à ce dépit (je ne sais pas vous, mais je ne me remettrai pas avant longtemps de ce cirque médiatique, de ces élections pilotées par des imposteurs qui prennent les citoyens pour des veaux ou des moutons, je ne sais pas ce qui est pire finalement - et de notre démocratie qui baisse la garde face à la candidate de la peste brune, l'acceptant comme n'importe quel autre candidat, et ne hurlant pas devant ses emprunts à la dialectique gaulliste à laquelle son père et elles, tous leurs sbires et leurs sicaires se sont toujours violemment opposés.), pour ne pas sombrer dans le dégoût et le pessimisme, les arts, la lecture et la musique sont le remède. Dos rond jusqu'à ce que le peuple, enfin, retrouve la raison.

En attendant, reparlons de Venise, qui sera encore longtemps après que nous soyons disparus, en dépit des efforts que font certains pour en venir à bout...

23 février 2024

« Produire la civilisation en masse, comme la betterave... »

Pour Antoine, 
en souvenir de nos échanges, de nos idées, nos rires et nos débats,
de nos voyages d'autrefois et de ceux qu'il nous reste encore à faire.

Retrouvé ce texte de Lévi-Strauss. L'extrait m'avait été envoyé par mon ami Antoine, journaliste et grand reporter, homme de radio et de passions. Parmi tout les messages que je recevais qui, pour la plupart, concernaient Venise mes publications sur Tramezzinimag, Antoine a fait partie, avec deux ou trois autres amis très chers, de ces correspondants dont on attend toujours avec impatience le courrier. Nos échanges épistolaires, avant d'être «dématérialisés» sur Hotmail, Yahoo ou Gmail, avaient la forme tant aimée de feuillets de papiers glissés dans une enveloppe aux jolis timbres dont l'oblitération portaient la date d'envoi. Toujours une surprise, un bonheur réveillé à chaque fois, A chaque missive, c'était comme un peu de soleil qui arrivait.

Qui prend désormais le temps d'écrire à la main ? On dit que les plus jeunes ne savent pas comment remplir une adresse ni où coller le timbre sur une enveloppe. On cherche les boites à lettres et les bureaux de poste se font rares, presque tous devenus des bazars où on peut acheter tout. Propos de ringards, je sais. J'assume cette nostalgie. L'attente du facteur qui passait deux fois par jour, le regret des lettres en papier pelure et leurs enveloppes encadrées d'une bande tricolore réservés aux envois «Par Avion», les cartes postales postées tôt dès la première levée et qui parvenaient à leur destinataire le soir-même, les télégrammes qu'on recevait en mains propres, porteurs de sinistres nouvelles ou de joyeuses annonces. Je pourrais paraphraser  Gainsbourg, Je me «souviens des jours anciens» et «je pleure»... mes «sanglots longs ne pourront rien y changer». 

Était-ce de l'aveuglement ou un trait de mon caractère naturellement porté vers la joie et l'optimisme, mais cela me semble un vrai bonheur que d'avoir connu cette époque où notre civilisation se déployait, les guerres n'étaient que des souvenirs, vivre semblait ne pouvoir être que joyeux. On se moquait des postes italiennes, espagnoles et des pays qu'on disait moins civilisés. On se moquait aussi de leurs trains toujours en retard. Puis notre époque moderne a laissé s'emballer la technique, le progrès est devenu une fin en soi, l'argent aussi. On nous enseignait que ce n'étaient que des outils qui allaient faciliter la vie de tous, façonner l'égalité et par ricochet la fraternité. On sait aujourd'hui combien progrès, technique, communication et pognon grignotent jour  après jour nos libertés, La Liberté. Et c'est la voix de Léo Ferré que j'entends dans ma tête en tapant ces lignes « Avec le temps, va, tout s'en va... tout s'évanouit...» 

Antoine donc, dans un courriel m'avait adressé cet extrait de l'ouvrage célèbre de l'anthropologue Claude Levi-Strauss. Je ne sais plus à quel propos. C'est en le lisant que j'ai pensé à cette notion du « Spirito del Viaggiatore » qui est devenu un libellé du blog et sera bientôt je l'espère, le titre d'une collection des Éditions Deltae.

Ceux d'aujourd'hui n'ont rien connu de cette époque. C'était déjà la fin de ce monde porté par nos grands-parents, ceux qui ne voulaient plus de guerre, plus de misère, plus d'injustice. Un réalisateur disait sa surprise en tournant un film se déroulant dans les années 80, de voir ses jeunes acteurs de vingt ans ne pas savoir comment utiliser le cadran d'un téléphone pour y faire un numéro pris dans un annuaire en papier... La mélancolie ne doit pas tourner à l'aigreur ni aux regrets. Les premières automobiles étaient réservées à une élite, n'importe qui aujourd'hui possède une voiture et les voyages sont plus rapides, les distances abolies... 

On peut voir les choses ainsi et penser qu'en dépit de ce que nous avons perdu, oublié ou sacrifié du passé, tout est pour le mieux ; qu'il suffit de quelques ajustements, quelques recadrages pour qu'enfin le monde vive un nouvel âge d'or... Et pourtant, combien les signaux se font de plus en plus voyants ! Partout la démocratie recule, mise en cause par ceux-là même qui devraient la défendre, partout les égoïsmes prennent le dessus sur la solidarité, l'empathie, le partage. La fraternité est devenue communautariste, les esprits ne connaissent plus les nuances, il y a ce qui est blanc et il y a ce qui est noir... C'est là-dedans que nos enfants grandissent. 

Vettore Zanetti. Coll. Part.

Venise - Tramezzinimag a toujours défendu cette idée - est un laboratoire. On peut y observer à la fois les pires choses, les choix les plus imbéciles, les comportements les plus détestables qui à un moment ou à un autre se reproduisent ailleurs. On peut y retrouver des idées, des techniques et des systèmes spécifiques qui peuvent être implantés ailleurs. C'est l'exemple de la protection des eaux que dès le Moyen-Âge la Sérénissime sut mettre en place, celui de la gestion des communications et des infrastructures qui fascina Le Corbusier et inspira l'architecture des villes nouvelles, etc. Aujourd'hui la Venise contemporaine doit affronter, comme ailleurs, la déliquescence de ses élites qui, à de rares exceptions, travaillent pour leur propre intérêt et semblent n'avoir pour devise que le triste "après nous le déluge"* qu'on attribue à tort à l'un de nos rois. 

« Voyages, coffrets magiques aux promesses rêveuses, vous ne livrerez plus vos trésors intacts. Une civilisation proliférante et surexcitée trouble à jamais le silence des mers. Les parfums des tropiques et la fraîcheur des êtres sont viciés par une fermentation aux relents suspects, qui mortifie nos désirs et nous voue à cueillir des souvenirs à demi corrompus.

« Aujourd'hui où des îles polynésiennes noyées de béton sont transformées en porte-avions pesamment ancrés au fond des mers du Sud, où l'Asie tout entière prend le visage d'une zone maladive, où les bidonvilles rongent l'Afrique, où l'aviation commerciale et militaire flétrit la candeur de la forêt américaine ou mélanésienne avant même d'en pouvoir détruire la virginité, comment la prétendue évasion du voyage pourrait-elle réussir autre chose que nous confronter aux formes les plus malheureuses de notre existence historique ? Cette grande civilisation occidentale, créatrice des merveilles dont nous jouissons, elle n'a certes pas réussi à les produire sans contrepartie. Comme son œuvre la plus fameuse, pile où s'élaborent des architectures d'une complexité inconnue, l'ordre et l'harmonie de l'occident exigent l'élimination d'une masse prodigieuse de sous-produits maléfiques dont la terre est infectée. Ce que d'abord vous nous montrez, voyages, c'est notre ordure lancée au visage de l'humanité.« Je comprends alors la passion, la folie, la duperie des récits de voyage. Ils apportent l'illusion de ce qui n'existe plus et qui devrait être encore, pour que nous échappions à l'accablante évidence que vingt-mille ans d'histoire sont joués. Il n'y a plus rien à faire : la civilisation n'est plus cette fleur fragile qu'on préservait, qu'on développait à grand peine dans quelques coins abrités d'un terroir riche en espèces rustiques, menaçantes sans doute par leur diversité, mais qui permettaient aussi de varier et de revigorer les semis. L'humanité s'installe dans la monoculture, elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comporte plus que ce plat. »

Claude Levi-Strauss(**)

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Notes
 
(*) : « Après moi, le déluge. Ce doux et sociable proverbe est déjà le plus commun de tous parmi nous » disait en 1756 le père de Mirabeau. C'est la Pompadour qui aurait dit cette petite phrase au roi Louis XV après une bataille perdue par les armées du roi contre les prussiens. Le roi l'aurait repris au sujet de son petit-fils, le futur Louis XVI. Mais rien n'est moins sûr. Ce qui est sûr c'est que l'expression était très en vogue à la fin du XVIIIe, caractéristique de l'esprit de légèreté et d'inconscience qui régnait chez les élites de l'époque. Ne peut-on y voir une ressemblance avec notre époque ?
 
(**) : C.Levi-Strauss, "Tristes Tropiques"(1955). Plon, Collection 10/18, page 25-26 .


30 août 2023

Se chiama Venezia e canta bene / Il se nomme Venezia et chante bien !


Les hasards du net. Mon moteur de recherche joue son rôle d'informateur-rabatteur et m'envoie parfois, parmi la foule de choses inutiles que son intelligence (tellement artificielle) pense devoir m'intéresser a eu du nez cette fois. Un lien vers un -à la belle voix de son temps, une musique qui emballerait même les plus réticents, des paroles intelligentes et pratiquement aucune information sur le type. Il se fait appeler Venezia et on trouve sur Spotify deux morceaux. Il apparait aussi, enfin sa voix, dans un titre d'un certain Marco. Pas mal aussi musicalement et tout aussi peu d'information sur l'artiste. Je n'ai guère plus à vous mettre sous la dent. Ces jeunes gens aiment ce qu'ils font mais restent discrets et visiblement loin de toute arrière-pensée commerciale. Nous ne pouvons que les en féliciter à tramezzinimag.

 

Si les éditions Deltæ parvenaient à avoir pignon sur rue à Venise, avec la galerie-librairie Page Blanche - dont il faudrait peut-être traduire le nom sur le principe incontournable du «when in Rome do as the romans do» inventé par les anglais qui ne respectent pas souvent cette règle (*) - nous l'inviterions pour faire connaître sa musique dans nos locaux et s'il a publié des CDs, on les commercialiserait à l'occasion d'une exposition ou d'un évènement. 

Peut-être serait-il invité du coup par ces autres brillants jeunes gens, vénitiens 100% appellation d'origine, d'Indiemoon qui ont lancé il y a quelques années avec l'association Il Caicio, des sessions musicales sur le modèle des Black Cab Session américaines. Mais, au lieu de faire joue des musiciens en direct depuis une limousine dans les rues de New York ils ont eu l'idée de les faire jouer en bateau sur la lagune. Tramezzinimag en a parlé il y a quelques années, à l'époque de l'émission Détours de la RTS réalisée par mon ami Antoine Lalanne-Desmet (ICI).

A vos oreillettes et vous verrez que ces morceaux très contemporains sont de belle qualité. en tout cas ils ont un succès certains chez les jeunes, l'été sur les plages vénitiennes (et d'ailleurs) et le soir dans les bars. Vous nous donnerez votre avis.

Notes

(*) Ces sacrés insulaires qui ont bien des points communs avec les vénitiens - des insulaires aussi qui prétendent pourtant - j'ai toujours soutenu leur position - que «si on démontait le ponte della Libertà, l'Europe deviendrait une île !»

29 juillet 2023

COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE N°42) : «Le Chemin», un chef d'œuvre de Ana Mariscal

 
Une fois n'est pas coutume, Tramezzinimag présente un film espagnol. Il y a en ce moment sur ARTE (et jusu'au 31 juillet seulement), un film espagnol de 1964 réalisé par Ana Mariscal en Noir & Blanc qu'il faut voir à tout prix. Du grand cinéma. Très émouvant, réaliste, drôle, une somme de petits riens, de drames et de joies, toute la comédie humaine dans un petit village d'une vallée de Navarre au début des années 60. Porté par des acteurs incroyablement justes jusque dans l'excès et la caricature, débordant de naturel. La peinture d'un monde rural disparu ou en voie de disparition. 
 
 
Adaptation du roman éponyme de Miguel Delibes paru en 1953, le film a été présenté au Festival de Cannes et à la Mostra de Venise. On pense au Visconti de Rocco et ses frères, à Jean Eustache, aux images de Pasinetti ou de De Sica. Une histoire banale : la caméra suit les derniers jours dans la vallée, d'un jeune garçon, fils unique du fromager du village qui veut l'envoyer étudier à cent kilomètres de là pour un avenir meilleur. On sourit, on rit, on pleure aussi devant le quotidien de ce presque adolescent sensible et intelligent dont l'enfance s'éloigne. Un chef-d’œuvre à ne pas manquer.
 



 
  
 
Le film est disponible en DVD.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Miguel Delibes
Le chemin
traduit par Eddy Chaulet
Verdier éditeur
1994.
184 pages 
ISBN ; 978-2864322078
15€

17 juin 2023

Un jour dans la vie d'un chat à Venise

© Walter Fano - 2011 - Droits Réservés
 

En Hommage à Mitsou, roi des chats de la dynastie Orange qui choisit notre famille et honora notre domus de sa présence pendant 15 ans, de la Normandie à Bordeaux, en passant par Milan, Venise, Le Moulleau et La Réole. Grand amateur de voyages en train, du du violoncelle et du saxophone, ami de Woody Allen (qui n'aime pas les chats mais qui fut séduit par lui et envisagea presque de le faire tourner dans un de ses films), ce petit film rigolo conçu en famille par la famille de Walter Fano que Tramezzinimag remercie au nom de ses lecteurs.

 
Un sympathique petit film, quelques minutes drôles, pour rappeler que Venise est bien plus la ville des chats que des chiens, que la gent féline, heureuse et tranquille,  qui peuplait les campi et les calle a été décimée non pas par le Covid mais par les confinements, après avoir été cantonnée des années durant le plus loin possible du regard des gens (la colonie la plus nombreuse demeure celle de l'Ospedale, à San Giovanni e Paolo) depuis qu'un édile hostile aux félins et grand amateur de chien imposa au conseil municipal la déportation sur une île abandonnée des chats errants sans domicile fixe. Une hécatombe. 
 
Peu à peu ils sont revenus, mais leur nombre, comme celui de la population vénitienne, reste faible. Exit la colonie du pont de l'Accademia, celle du Rialto (dieu qu'ils étaient gras ceux qui vivaient non loin de la Pescheria !), du ghetto, ceux des giardini reale qui la nuit disputait les bancs de pierre, aux garçons de la nuit qui se retrouvaient la nuit le long de la promenade entre le Harry's et la Piazza, et ceux du parvis de la gare, de la Salute... Le monde change, pour les chats aussi.
 
Titre original : Un giorno da gatto sull'isola della Giudecca
(Une vie de chat à Venise)
Sur une idée de Walter fano
Musique de Diego Fano

12 février 2023

Silvana Scarpa, de Venise à Bordeaux

Octobre 1985, l'association dont j'étais le jeune fondateur, organisait la Première Semaine de Venise à Bordeaux, sous l'égide de la Ville de Bordeaux et de la Ville de Venise, de l'association France-Italie, de la Dante Alighieri et sous la présidence d'honneur du marquis de Lur-Saluces, alors propriétaire du Château Yquem. Parmi les artistes invités, plusieurs femmes dont Silvana Scarpa, dont j'avais fait la connaissance lors d'une exposition à la Galerie du campo San Fantin, en face de la Fenice, où j'avais été embauché comme assistant du maître des lieux, le fringant Giuliano Graziussi, qui m'a appris les usages (et les ficelles) de la profession.
 

Silvana Scarpa présenta un échantillon de son travail à la galerie Présidence, magnifique local aujourd'hui disparu, animé par un homme sympathique et accueillant, Serge Sarkissian
 
Vernissage de l'exposition. De gauche à droite : Augusto salvadori, Silvana Scarpa, Christian Calvy, Micheline Chaban-Delmas, un comédien, Nicole Noé et moi-même
 
Comme tous les évènements de cette Première semaine de Venise à Bordeaux (il n'y en eut pas de seconde...), les participants étaient entourés par une troupe locale de jeunes acteurs de la Commedia dell'Arte, I Tre Gobbi dirigée avec maestria le regretté Patrice Saunier, disparu prématurément en 2013 (Cf. Journal Sud-Ouest) Mais qui se souvient désormais de toute cette belle compagnie de femmes et d'hommes sensibles à l'art et à la poésie, à la beauté et à l'amitié ? C'était il y a presque quarante ans... 
 

Un montage vidéoexiste encore sur YouTube, dans lequel sont quelques images du vernissage de l'exposition, inaugurée par Micheline Chaban-Delmas, en présence de l'ambassadeur d'Italie à Paris, du consul général à Bordeaux, du maire adjoint de Venise, l'avocat Augusto Salvadori, le consul général de France à Venise, et une pléthore d'officiels.
 

10 avril 2021

Una città che non c'è più : Nostalgie d'un nuage de farine dans l'air parfumé d'un matin à Venise...


Un geste brusque ce matin en revenant du marché m'a fait renversé le sac de farine que jevenais d'acheter. Une partie de la farine s'est répandue sur la table et par terre produisant une brume blanche du plus bel effet. Rien de grave, le sol comme la table étaient propres et en deux coups de cuillère à pot - l'expression parfaite en l'occurrence - et j'étais plus amusé qu'énervé par l'incident. Il me rappela un autre matin, dans une autre cuisine, celle de la Toletta, où m'étant réveillé tôt pour faire des brioches aux enfants qui dormaient, j'avais renversé sur moi le pot de farine, me transformant en une sorte de pierrot décontenancé. Sans autre témoin que le chat qui s'était réfugié sous un tabouret. Rappel aussi de ces images de la Venezia sparita, scènes familières du quotidien : les Farinanti, (littéralement, les « farineux », ces livreurs qui acheminaient en barque à destination des boulangeries et des restaurants d'énormes sacs de farine en provenance des Moulins de Cavarzere, de Marghera ou d'ailleurs . Un documentaire de l'ami Pierandrea Gagliardi pour l'Ateneo Veneto. Tramezzinimag vous invite à vous replonger dans cet ordinaire des jours qui avait tant de charme dans une Venise encore inchangée, avant les hordes de touristes, avant la modernisation, la mécanisation. Finalement cette Venise dans laquelle j'ai vécu était encore identique à celle qu'après guerre, jusque dans les années 90, date des images de ce reportage :

Il en était de même avec le marché. Comme à Paris, Londres, Bordeaux (j'évoque les marchés et les halles que j'ai connus enfant et dont le souvenir dans la mémoire humaine est fort : le ventre de Paris immortalisé par Zola, Covent Garden à Londres décrit par Dickens, Les Capucins à Bordeaux), le marché du Rialto garda longtemps la même figure, les mêmes usages dans les mêmes lieux. Jusqu'à ce que l'obsession de la modernité, de la rationnalité, du rendement, transforment ces lieux grouillants de vie, qui s'éveillaient avant l'aube et s'animaient pour nourrir la ville. L'Erberia fut pendant mille ans le grand marché de la ville, jusqu'à ce qu'en 1997, les normes inventées par la triste bureaucratie européenne, obligent le l'installation du marché de gros et de demi-gros à s'installer dans des bâtiments modernes sur la Terrraferma. Il en fut de même quelques années après avec le départ contraint des mareyeurs à Chioggia, plus rentable avec l'accès direct des camions. Le pratique avant le beau, évidemment. mais combien la poésie y perd.. Et le joie des petits riens qui font tellement du bien... 


Images extraites du film Venezia che non c'è più : l'Erberia, présenté à l'Ateneo Veneto.           

© Pierandrea Gagliardi, Venezia. 2020.

12 novembre 2020

C'est aujourd'hui la Saint Martin, la fête des enfants de Venise

"E col nostro sachetin, ve cantemo el San Martin" 

Ces paroles d'une filastrocca (comptine) traditionnelle en Vénétie auront marqué des générations d'enfants depuis des lustres. Le 11 novembre à venise, on fête la San Martino d'une manière on ne peut plus bruyante. Partout sur les campi et dans les calle de la ville des bandes d'enfants se répandent munis de casseroles et de couvercles sur lesquels ils frappent avec des louches et des cuillères en bois, en répétant cette comptine que nous avons tous chanté. En dépit de la concurrence d'Halloween qu'on essaie d'imposer depuis des années en Europe pour des raisons commerciales, la San Martino continue d'être très attendue par les enfants et les familles. C'est un rite joyeux dont peu de gens, adultes ou enfants, connaissent l'origine.

 
Sur le campo San Barnaba, 11 novembre 2020 
 
Cacophonie et tintamarre, bonbons et pâtisserie traditionnelle en forme de Saint Martin sur son cheval, c'est Saint Martin qui est fêté. C'est la fin de l'année, les dernières récoltes sont rentrées, la campagne prépare son hibernation et il faut célébrer cela. Et depuis des siècles, les enfants descendent dans les rues pour semer la confusion et faire le plus de bruit possible. Tous connaissent les paroles de la comptine typique de Venise. Mais peu de gens se souviennent de ce qu'on racontait encore aux enfants de ma génération et dont personne n'a jamais pu confirmer la véracité. Il y a tant de légendes à Venise et dans les environs qui mêlent de véritables évènements à des faits inventés ou magnifiés.
 
San Martin xè andà in sofita
par trovar la so noviza;
so noviza no ghe giera,
San Martin xè andà par tera.
 
E col nostro sachetin,
ve cantemo el San Martin.
 
Su 'sta casa ghe xè do putele
tute risse e tute bele
col viseto delicato
suo papà ghe lo gà stampato.
 
E col nostro sachetin,
ve cantemo el San Martin.
 
Siora Cate xè tanto bela
in mezo al peto la gà 'na stela,
se no la gavesse maritada
so papà no ghe l'avaria dada.
 
E col nostro sachetin,
ve cantemo el San Martin.
 
Siora Lussia la fassa presto
ch'el caigo ne vien adosso,
el ne vien adosso sul scarselin,
siora Lussia xè San Martin.
 
On expliquait par exemple les surprenantes paroles du premier couplet où il est dit que San Martino va dans une soupente retrouver sa fiancée (la noviza, la promise) et que ne la trouvant pas, il en tombe  xé anda...col cul par tera (nul besoin de traduire je suppose !). Voilà ce qu'on racontait chez moi : Il y a très longtemps, dans le sestier de Castello, dans la contrada de San Francesco della Vigna, habitait un vieil homme célibataire ou veuf, appelé Martino, dont tout le monde se moquait. Il courtisait les filles jeunes. Un jour l'une d'elles attirée par la fortune du vieillard céda. Martino dès lors la considérait comme sa promise, sua noviza, à tout jamais. Un jour, il monta dans la soupente où vivait la jeune fille et ne la trouvant pas, il découvrit qu'elle était en douce compagnie. Il en fut tellement surpris, qu'il en  tomba le cul par terre...

 

Crédits Photographique Catherine Hédouin - novembre 2020

11 novembre 2020

COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE 41) : Laissez-vous prendre par le maître des esprits...

Les auteurs francophones qui écrivent sur Venise sont légion. Ils forment une communauté assez étrange qui n'est ni un club d'aficionados, ni une cohorte, une franc-maçonnerie ou encore moins un syndicat. Des éditeurs malins ont à plusieurs reprises tenté d'en dresser l'annuaire dans des essais d'anthologie. Mais à ce jour l'aventure, qui pourrait trouver un lectorat tant tout ce qui touche à Venise, dans son universalité positive (la passion des uns) ou négative (la haine des autres), n'a jamais encore abouti. 

C'est qu'il y a du monde, quelques uns célèbres et reconnus et une kyrielle de seconds couteaux, non pas moins talentueux mais peut-être moins chanceux, moins bien défendus par leur éditeur ou trop éloignés du monde parisien. Il y a des petits trésors qu'on découvre par hasard et qu'on voudrait faire lire à tout le monde tellement ils nous ont été un régal, d'autant meilleur qu'inattendu le plus souvent. J'ai abandonné l'idée de dresser une bibliographie exhaustive des romans contemporains dont Venise est le décor, le prétexte ou le thème. Cela reste à faire cependant pour la grande joie des fabricants de bibliothèques, tant il y aurait des kilomètres de rayonnage à façonner pour tout y ranger.

Parmi ces bijoux dont on peut regretter la chape de silence qui entourent leurs sorties - je me demande de plus en plus si les attaché(e)s de presse des maisons d'édition existent encore, si les représentants lisent ce qu'ils vendent voire même si ces deux professions indispensables à la diffusion du livre ne sont pas purement et simplement absentes désormais du générique de ces sociétés, jugées inutiles, inefficaces ou simplement trop coûteuses pour le modèle économique de l'édition d’aujourd’hui -  Tramezzinimag avait été en 2019 (voir ICI), les tribulations de Flavio Foscarini, jeune patricien idéaliste et rêveur, marié à la sublime Assin échappée d'un des harems du Grand Turc, ami d'un futur grand poète, inénarrable Gasparo Gozzi, intime de bon nombre de patriciens, proche de Rosalba Carriera. 

Le jeune homme dégingandé se passionne dès les premières pages pour une énigme qu'il va chercher à résoudre tout au long des pages du roman, tenant en haleine le lecteur et nous promenant dans une Venise joliment décrite, sans préciosité ni affectation comme hélas parfois chez certains auteurs, certes authentiques connaisseurs de la Sérénissime, de son histoire et de ses légendes, Fous de Venise - ce qui nous les rend éminemment sympathiques in spite of leurs défauts parfois insupportables -. L'auteur, Robert de Laroche connait Venise comme sa poche et on a parfois l'impression qu'il puise son inspiration dans son propre vécu. Un peu comme s'il avait connu personnellement en leur temps les gens dont il parle, dans la Venise d'avant la chute de la République.

Mais soyez rassurés, chers lecteurs, mon ami Robert de Laroche est bien de notre époque. Il aurait pu aisément faire partie du cercle des intimes de son héros Flavio Foscarini. D'ailleurs, le deuxième volet des aventures du jeune Nobil Homo* est tellement palpitant, réaliste et imagé, qu'on a parfois l'impression d'être dans un film, comme un reportage ou un documentaire. Un peu comme si l'auteur avait pu filmer les différentes scènes avant de nous les livrer.

Cette deuxième aventure pensée et conçue par l'auteur dès la parution de La Vestale de Venise, se déroule quelques années plus tard. Voilà ce qu'en peut lire sur la quatrième de couverture :

"Venise, automne 1741. À quelques semaines de la fête de la Salute, la terre se met à trembler, les flots envahissent la Piazza San Marco, des incendies éclatent et un cimetière s’effondre, libérant en pleine rue, monceaux de boue et squelettes. Une atmosphère de fin du monde s’installe dans la cité des doges. C’est à ce moment qu’arrive à Venise une noble dame française, Madame d’Urfé, alchimiste et cabaliste. Elle fait venir de Prague un certain mage qui affirme pouvoir sauver la Sérénissime grâce à l’aide des esprits élémentaires. Mais qui sont vraiment ces deux personnages ? 
Flavio Foscarini, un nobiluomo curieux de nature, s’interroge sur leurs intentions et décide d’enquêter, aidé par son épouse levantine, Assin, et son ami l’écrivain Gasparo Gozzi, tandis que les événements les plus dramatiques se succèdent dans une Venise en proie à la peur, aux superstitions et aux morts mystérieuses." 
L'auteur mêle habilement à ses héros inventés des personnages ayant réellement existé, faisant de ce livre autre chose qu'un simple roman noir. Véritable thriller historique, il tient tiendra le lecteur en haleine tout au long des pages, dans une Venise décadente mais toujours flamboyante. C'est le XVIIIe siècle de Casanova et de Goldoni que nous sommes plongés, sans une once d'ennui, sans rien qui cloche, la description des décors et les costumes, et c'est le grand talent de l'auteur, n'est jamais de l'à peu-près. Avec Robert de Laroche, pas de carton-pâte et aucun risque d'anachronisme. Non seulement il connait Venise et son histoire, mais il parvient à faire penser, agir et parler tous les personnages qu'il fait vivre sans que nous puissions un seul instant débusquer un jeu surfait, une parole inadéquate. tout se tient et la dernière page vient trop vite. Il ne nous reste plus en refermant le livre qu'à attendre patiemment les prochaines aventures du fringant Flavio, de sa ravissante épouse et de son ami Gozzi... 

Pour en savoir plus encore : ICI et puis aussi un entretien avec l'auteur :
 
  
 
Robert de Laroche
Le Maître des esprits
Éditions du 81. 2020
ISBN 9782815543681
Prix : 18,90 €  
 
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Notes :

* : L'abréviation N.H., du latin Nobilis Homo ou de l'archaïque vénitien Nobilhomo, c'est-à-dire «Noble Homme», est apparu dans l'ancienne République de Venise, accompagnant le nom des patriciens, la classe noble qui gouvernait la République. L'équivalent féminin étant  N.D., (Nobilis Domina). Cela signifiait qu'un patronyme précédé de ces deux lettres désignait un détenteur de la souveraineté de l'État vénitien et donc un successeur potentiel du Doge, similaire dans la hiérarchie nobiliaire, au rang de prince de sang.
    Les deux abréviations N.H. et N.D. sont encore utilisées aujourd'hui comme marque d'honneur pour désigner les membres de la noblesse vénitienne sans autre titre spécifique. Le titre de comte qui n'existait pas dans la République, date de l'occupation autrichienne et a été repris par la monarchie après l'indépendance. On trouve aussi quelques marquis à Venise mais ce sont rarement des descendants des familles inscrites au Libro d'Oro.

07 novembre 2020

COUPS DE CŒUR (HORS-SÉRIE 40) : La Venise intérieure et nocturne de William Guidarini, une pépite en noir et blanc

On m'avait parlé de son travail et j'étais à Venise lorsque la vidéo et le livres sont sortis. Six minutes de poésie,montage de plans fixes et d'images filmées, un vaporetto la nuit à la Giudecca, des femmes qui parlent, des touristes. Une ambiance irréelle,onirique, noire mais pas sombre. Un voyage intérieur plein de sensations et d'amour. Un rappel de la rudesse aussi de Venise en hiver qu'on se souvient comme en noir et blance sont revenues en mémoire lmes sensations de Dieci Inverni , le merveilleux film de Valerio Mieli. Mais Venise est ses îles n'a peut-être même pas été conçu en hiver. Le procédé, le noir et blanc et le rythme du montage évoquent la solitude et le vide des crépuscules à Venise entre novembre et février??. C'est beau et prenant...

© William Guidarini

© William Guidarini

Wiliam Guidarini
est auteur et photographe, ou plutôt formateur en photographie comme il l'indique sur son site. Il vit et travaille à Marseille où il a été pendant douze ans le directeur artistique du Garage Photographie, un lieu dédié à la photographie à Marseille, à la fois lieu d'exposition et de rencontres, résidence d’artistes et centre de formation.
 
Il présente sa vision des lieux où il se rend dans un noir et blanc très marqué, sombre, un peu effrayant, mais jamais glauque. Son travail s'inscrit dans cette philosophie que Tramezzinimag défend depuis toujours, ce Spirito del Viaggiatore auquel nous tenons tellement, magie des mots, force du son et des images mouvantes ou figées comme une invitation au voyage, physique ou au contraire purement philosophique voire même poétique, éthéré. Fascinante vision de Venise, cette Venise rarement montrée mais qui est authentique et fascine.

 
"Sur ce territoire hybride, qui s’accorde parfaitement aux oscillations de l’âme, William Guidarini s’immerge sur la durée et y développe ses thèmes de prédilection : l’identité, les fissures de l’être, et la quête de soi. La solitude comme port d’attache, la marche comme première pratique de l’espace. Et l’eau tout autour, pour assurer la distance." 
 

 

Pour en savoir plus sur l'artiste : ICI

William Guidarini, Venise et ses îles 
Éditions Arnaud Bizalion, 2019

20 septembre 2020

La Barcheta chantée par la grande Joyce di Donato

 

Je viens de retrouver sur une clé USB, un enregistrement terriblement émouvant, d'une grâce et d'une splendeur ineffables. Commovente comme on dit en italien, vraiment. La voix de cette grande cantatrice américaine se prête joliment à cette musique dédiée à Venise par Reynaldo Hahn. Penser à ces arias en vénitien que le compositeur composa sur les rives de la lagune, me renvoie à mes années vénitiennes, mes années de jeunesse. 
 
A la Dante Alighieri, en 1980 ou 81, je ne sais plus très bien, j'avais rencontré la petite nièce de Reynamdo Hahn, Annette, jeune et jolie juive rayonnante et très libre avec son amie Anna Neushafer, jeune épouse d'un pasteur luthérien. Leur italien était binen plus académique que le mien, encore truffé de gallicisme et... d'anglicismes. Nos cours dans les bâtiments dont les fenêtres ouvrent sur le rio qui longe la façade principale de l'Arsenal, les longues discussions à la terrasse du café d'en face, nos dîners chez les Gradella, dans leur ravissante maison derrière l'Accademia ou au Centro Tedesco, sur la terrasse du Barbarigo... Je ne sais pas ce qu'elles sont devenues. Nous avons correspondu quelques temps puis les liens se sont distendus et la vie nous a pris dans sa spirale infernale...
 

Et comme un souvenir ne revient jamais seul, mon amie Violaine m'a envoyé hier ce croquis retrouvé en rangeant son bureau. Réalisé en 84, à Malamocco où elle résidait alors. Nous avons évoqué nos balades à pied le long du Lido pour retourner à Venise, ou aller lire et dessiner dans le vieux cimetière juif du Lido, auquel on accédait facilement à l'époque, avant les barbares qui le saccagèrent. Un jour, en longeant une friche un peu avant l'Excelsior, qui servait plus ou moins de décharge sauvage, nous avions trouvé plusieurs malles-cabines, certainement abandonnées là par le personnel de l'un des grands hôtels du Lido. elles étaient très abîmées, mais avaient encore belle figure, avec leurs cintres et leurs tiroirs. Nous avions projeté d'en ramener une à la maison...