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08 février 2024

Tramezzinimag remonte le temps avec Wayback Machine !

Comme je l'annonçais en fin d'année, Tramezzinimag, s'il n'a pas retrouvé le nombre de lecteurs quotidien et a perdu plus de 80% de ses abonnés depuis ce jour fatidique du 28 juillet 2016 où le site fut avalé par un robot gourmand avec la totalité des archives, notes, vidéos, sons, photos, ou par la volonté inique de certaines personnes que les billets dérangèrent, a résisté. Tramezzinimag II a pris la suite et vaillamment, avec une équipe réduite au minimum, nous avons reconstitué le blog. 

Ce type de medium ne serait apparemment plus à la mode, parce que selon ses détracteurs in gamba (*), c'est devenu un outil trop figé, constitué de textes trop longs et trop détaillés pour les esprits d'aujourd'hui qui préfèrent survoler qu'approfondir et zappent en permanence, tous de plus en plus pressés... 
 
Simple constat, nul jugement. La vitesse, la précipitation sont des notions tellement absurdes quand il s'agit de Venise, de sa civilisation et de la vie qu'on y mène. Alors pourquoi se ranger aux idées reçues et suivre à tout prix les modes. Tramezzinimag veut rester pour ses lecteurs une sorte de revue en ligne, la Première Revue en Ligne des Fous de Venise ! Vos messages et vos soutiens montrent bien que le blog a encore sa place.

En retrouver les pages perdues est donc depuis des mois notre mission. Bien des billets sont encore à repêcher sur la Toile (encore un terme qu'on n'emploie plus 19 ans après la naissance de Tramezzinimag...

Sa résurrection, avec le soutien de lecteurs fidèles, tous devenus de vrais amis, mais aussi grâce à un outil web dont nous ne vanterons jamais assez les mérites, l'extraordinaire Wayback Machine - littéralement « machine à revenir en arrière » -, inventé  un organisme à but non lucratif, Internet Archive (**) qui permet d'accéder aux clichés instantanés de pages web qu'il stocke depuis sa création. Sans cette gigantesque bibliothèque numérique, les 2148 billets publiés entre le 7 mai 2005 et le 16 août 2016 auraient été irrémédiablement perdus. 

Le temps passé à reconstituer les pages anciennes, repostées avec les dates d'origine (même année, même même jour, même heure) pour en faciliter la recherche par les lecteurs, se fait au détriment de la création de nouveaux billets. 

Mais ce n'est que temporaire, nous avons tellement d'idées de sujets à évoquer pour nos lecteurs et la relecture des billets d'il y a huit, douze ou dix-huit ans nous permet de mesurer comment les choses ont évolué ou se sont dégradées pour Venise, les vénitiens et la lagune. 

Le plus souvent - et je l'écris avec une certaine fierté - les positions de Tramezzinimag n'ont que très rarement étaient contredites par les évènements, si ce n'est la position vis-à-vis du M.O.S.E.(***) dont nous pensions qu'il ne serait jamais qu'une grosse arnaque, juteux moyen pour certains, hommes et partis politiques, de se remplir les poches à des fins fort éloignées des intérêts vitaux de la Sérénissime et de ses habitants. L'outil fonctionne, du moins pour l'instant et c'est tant mieux.
 
Avec ma petite équipe de fidèles, je tenais à remercier ceux qui nous soutiennent et nous suivent régulièrement. Qu'ils soient abonnés depuis le tout début ou nouveaux lecteurs arrivés par hasard sur ces pages, nous les invitons à farfouiller dans les sommaire qui s'étoffe chaque jour avec les billets d'avant 2016 peu à peu reconstitués (****).
 
A titre d'exemples, vous trouverez dans pour l'année 2009 des billets toujours d'actualité quinze ans après leur parution. L'ensemble des recettes gourmandes de Tramezzinimag aussi a été reconstitué... Wayback Machine nous a permis de retrouver aussi les nombreux commentaires de nos lecteurs. Cela, je l'espère, incitera les lecteurs actuels à laisser leurs propres avis et demandes, comme le firent les lecteurs à l'époque. Plus de 1.400.000 visiteurs  de de 2005 à 2016 avec la première version, 472.894 depuis août 2016. Merci à nos lecteurs !


Notes :

*
« In gamba», littéralement « en forme» est à la fois l'équivalent italien de doué, intelligent, cool... Il est souvent utilisé pour qualifier quelqu'un « à la mode » et par extension, parfois avec ironie, désigne ceux qui suivent le mouvement, les modes et les courants dominants. 

**
Internet Archive dont l'acronyme IA est avant tout synonyme aujourd'hui d'Intelligence Artificielle dans l'esprit de tous) est un organisme à but non lucratif consacré à l’archivage du Web qui agit aussi comme bibliothèque numérique. Ces archives électroniques sont constituées de clichés instantanés (copie de pages prises à différents moments) de pages web, de logiciels, de films, de livres et d’enregistrements audio. Pour assurer la stabilité et la sécurité des données archivées, un site miroir fonctionnel est conservé à la Bibliotheca Alexandrina en Égypte. L’IA met gratuitement ses collections à la disposition des chercheurs, historiens et universitaires. Située dans le Richmond District, au sud de San Francisco, elle est membre de l'American Library Association et est officiellement reconnue comme bibliothèque par l'État de Californie.(source : Wikipedia, 08/02/2024)


 


02 janvier 2024

Les Voeux de Tramezzinimag à nos fidèles lecteurs

 

Bon Ano Novo ! 

Buon Anno a Tutti ! 

Happy New Year ! 

Bonne Année à tous ! 

Godt nytår til alle !

Καλή χρονιά σε όλους !

¡ Feliz Año Nuevo a todos !

שנה טובה לכולם

Новым годом вас всех!

新年明けましておめでとう!

Hyvää uutta vuotta teille kaikille! 

 سال خوبی داشته باشید
 
Et nous vous invitons à redécouvrir les billets anciens (entre 2008 et 2011) que nous avons retrouvés. Notamment cet article du 7 décembre 2010, consacré au «Bal du Siècle» donné par Charles de Beistegui au Palazzo Labia pour mille cinq cents invités : ICI

25 décembre 2023

avec Giorgione, Tramezzinimag vous souhaite un Joyeux Noël !

 

 TraMeZziNiMag

est heureux de vous souhaiter 

 un 

Très Joyeux Noël !

Bonnes Fêtes de Noël à nos fidèles lecteurs et amis, aux auteurs, photographes, illustrateurs, journalistes, tous les Fous de Venise du monde entier qui nous soutiennent depuis la création du blog, en 2005 !  



23 décembre 2023

En dépit de tout, que la joie de Noël illumine nos jours !

Brouillard à Venise. ©Alexandra E Rust. 2023.
 
On trouvait le mois de décembre long à démarrer et les Fêtes paraissaient encore très loin. Mais non, nous y sommes. Venise est une ville où le Temps de Noël prend vraiment sa signification, comme ailleurs en Autriche, en Suisse, dans les pays germaniques, scandinaves et bien sûr chez les britanniques.

Depuis plusieurs années le marché de Noël concurrence ceux qu'on trouve depuis des lustres dans ces pays. La lumière se fait presque monochrome et il y a dans l'air quelque chose d'encore plus magique. Babbo Natale est en bon terme avec la Befana et Saint Nicolas est aussi dans les parages...

Je n'ai pas souvent fêté Noël à Venise - la Befana oui, de nombreuses fois - Mais la messe de minuit, les cadeaux sous le sapin, le lait et les biscuits sur la cheminée pour le Père Noël, grand amateur de Digestive Mc Vities.

Un raté dans mon existence. Le rêve ancien (il date de mon adolescence) de voir naître et grandir mes enfants à Venise ne s'est pas réalisé. Dans une autre vie peut-être, mais encore faut il croire que nous en avons plusieurs... Voir grandir ses enfants dans ce lieu unique, hors du monde et pourtant au centre de tout, et donc d'y vivre ce moment magique avec eux n'a encore jamais pu se réaliser. Les enfants grandissent et s'en vont, rien de plus naturel. 

Organiser des retrouvailles pour fêter la naissance du Christ et la joie d'être ensemble, de former une famille, devient plus difficile avec les années. Il y a les conjoints et compagnons dont les familles souhaitent aussi la présence. La plupart du temps, un système d'alternance se met en place. Quand on a la chance de tous vivre non loin les uns des autres, on s'entend pour que la veille de Noël se déroule à tour de rôle chez les parents de l'un et le jour de Noël chez ceux de l'autre. Ou bien, ceux qui ne peuvent se déplacer, qui ne viennent pas, sont là pour la Saint-Sylvestre. Combien cela doit être compliqué pour les familles recomposées quand les enfants se marient, et qu'ils ont à leur tour des enfants... Nous sommes nombreux à connaître cela.


Il y aurait bien une autre solution puisque nous venons de traditions plurielles : Fêter ces moments uniques dans l'année à des dates différentes, celles les plus commodes pour chacun : pour la Saint-Nicolas, le 6 décembre, les 24 et 25 décembre comme nous le faisons depuis toujours, mais aussi le 5 janvier, pour la Befana, qui est aussi le jour des Rois... 

Trois fêtes merveilleuses, trois dates cohérentes pour les enfants qui, vivant naturellement les moments joyeux en famille n'en perçoivent pas la rareté et l'impermanence. Joie de l'enfance innocente qui ne peut concevoir que rien jamais ne dure et que tout cesse un jour. Mais pour parvenir à se réunir ainsi, il faut une volonté active de la part de tous les concernés. Et ce n'est pas évident.

Les temps changent et nous changeons aussi, parce que nous vieillissons, parce nous y sommes contraints, que les mentalités évoluent face à un noyau familial qui est activement ou passivement remis en cause. On ne voit plus que ce qu'il peut produire de terrible et de négatif.  

Mais peu importe ce que nous aimerions, il nous faut vivre sans nostalgie ni regret, dans l'espérance et la joie. Nous ne savons pas pour combien de temps nous sommes là, alors Carpe Diem, jouissons en simplicité de ce qui nous est offert. Le mieux étant l'ennemi du bien, réjouissons-nous devant les yeux émerveillés des enfants, devant leur plaisir, sous le regard bienveillant et ému de leurs parents, tout comme nous quand ces parents n'étaient encore que nos enfants.

Bonne Fête de Noël à tous nos lecteurs !

Éclairage du sapin 2023 sur la Piazza par le maire Brugnaro

Le Campo San Luca et ses illuminations





12 juillet 2023

Le plus important moment de l'été à Venise

Depuis hier vendredi, Venise est entrée dans le temps du Redentore, un des moments festifs les plus attendus par la population et qui est devenue une attraction touristique, depuis peu. Comme la Festa delle Salute, cette manifestation fait depuis toujours partie de la vie des vénitiens pour qui elle reste très importante. A la fois rite religieux historique et occasion de se retrouver.

La Festa del Redentore commémore, pour ceux qui ne le sauraient pas, la fin de l'épidémie de peste, dite Peste di San Carlo qui dévasta la ville entre 1575 et 1577 et entraîna la mort de plus d'un tiers de la population de Venise - véritable pandémie celle-là. Après des mois d'hécatombe (plus de 50.000 victimes, soit le tiers de la population de la ville), et le 4 septembre 1576, quelques jours après la mort du Titien qui affecta beaucoup le Sénat et le doge, il fut décidé que la Sérénissime érigerait une église au nom du Christ Rédempteur, voulant offrir au Christ un gigantesque ex-voto afin d'éloigner l'épidémie de la lagune. La première pierre fut posée le 3 mai 1577 et quelques mois plus tard, le 20 juillet exactement,  un pont de bateaux fut érigé pour atteindre l'île de la Giudecca où commençait de s'élever la nouvelle basilique dessinée par Palladio, et les vénitiens vinrent en procession derrière le doge et le Sénat pour prier. 

Depuis lors, chaque année, ce pont votif est reconstruit pour permettre à la population de se rendre dans l'église. Les méthodes de construction ont changé mais l'emplacement est resté le même. Comme lors de la première procession, la population entière se joint aux autorités politiques, militaires et religieuses. Il y avait autrefois le doge et tout le Sénat, le patriarche de Venise et le légat du pape qui ouvraient la marche. C'est aujourd'hui le maire et son conseil, le patriarche que suivent les fidèles. 

Cette procession demeure encore aujourd'hui dans l'esprit de chacun, un élément fondamental de la fête. Le Redentore est l'une des fêtes populaires les plus chères et les plus attendues par les Vénitiens, où le religieux et le spectaculaire coexistent.

Ce pont votif n'est pas seulement une attraction de plus dans une Venise qui tend à se transformer - au corps défendant des vénitiens - en un vaste parc d'attraction (on y reviendra). Il une signification symbolique importante. Il représente le lien entre la ville et sa foi, la gratitude d'avoir été libérés de la peste et c'est un hommage au Christ Rédempteur.

Comme le souligne un article de veniceboat.com : « C'est un symbole d'unité et de solidarité que ce rassemblement de tous, jeunes et vieux, pauvres et riches, pour traverser ensemble le pont et participer à la procession religieuse en l'honneur du Rédempteur »

Un autre des moments importants de la fête, aura lieu le 15 juillet, à 23 h 30. C'est le très attendu spectacle pyrotechnique sur le Bacino di San Marco, à l'entrée de la Giudecca. Quarante minutes de pure émotion esthétique - et sonore ! Des milliers de lumière et de couleurs qui explosent sur la lagune. La plupart des vénitiens seront sur leurs bateaux, décorés et remplis de victuailles, dont les plats traditionnels qui sont chaque année de la fête : bigoi in salsa, sarde in saor, bovoleti, comme la Castradina pour la Fête de la Salute

Trois jours de fête très prisés dans laquelle les touristes peu à peu se sont infiltrés mais qui restent avant tout des jours pour la population dont on garde toujours un souvenir ému, avec ce sentiment d'appartenance à une communauté pérenne, tellement important , à une histoire dans un monde dans un monde qui se transforme où tout est partout de plus en plus uniforme.

Mais les festivités débutent en réalité le 14 juillet avec, à 20 heures précises, la très attendue ouverture du pont votif. Dès l'inauguration, commencera la procession toujours très fréquentée, joyeuse et recueillie des vénitiens qui vont rendre visite au Saint Rédempteur. Beaucoup de curieux ensuite, souvent surpris et ravis, qui pourront aller et venir jusqu'à minuit dimanche soir. Jour et nuit, le pont reste ouvert, sauf au moment du feu d'artifice.

Dimanche, autre grand moment, lui aussi très attendu : les Regate del Redentore. Ce jour-là, la ville sera littéralement assiégée par les visiteurs, vénitiens des environs mais aussi dizaines de milliers de touristes qui tenteront d'assister aux courses sur le canal de la Giudecca, dès 16 heures :

Ce sera d'abord la régate des giovanissimi (les plus jeunes) sur des pupparini à 2 rames, à 16 heures. Puis viendra le tour à 16h45, de leurs aînés toujours sur pupparini à deux, puis celle à 17h30, des gondoles à 2 rames avec les stars de la regata storica.

Il faut voir la bénédiction des bateaux et des rameurs par le patriarche, les courses elles-mêmes très soutenues par le public depuis les deux rives. Enfin, pour clôturer, ce sera la grande messe votive, solennité qui débutera à 19 heures, dans une église du Redentore pleine à craquer.

J'évoquais plus haut ce qu'on mange ce jour là. En général, sur les barques comme pour les tablées dressés le long du canal, chacun porte un plat, salé ou sucré et le vin coule à flots. Il y a encore une dizaine d'années, aucun vénitien n'aurait manqué la fête. Il n'était pas question de quitter la ville...

Aujourd'hui, nombreux sont les vénitiens qui restent chez eux ou s'en vont, tant il y a du monde. Et puis nous sommes nombreux à pouvoir voir le feu d'artifice depuis les fenêtres, les terrasses et les altane des maisons. Il manque certes le petit supplément que donne le spectacle depuis l'eau ou des quais, avec les reflets, les remous, l'écho aussi sur l'eau du pétaradant flux de lumières qui fascine.



 Amusant - et émouvant - de se dire que depuis juillet 1578 les vénitiens d'année en année se sont  retrouvés à festeggiare (festoyer) sur le bassin de San Marco et dans les eaux de la Giudecca. A ma connaissance, sans jamais une année d'interruption.

Les jeunes vénitiens qui pavanent sur leurs barques aux moteurs puissants avec des sonos de dingue qui agacent le bourgeois, ont dans les veines le même sang que leurs ancêtres qui savaient chanter à leurs belles des versets du Tasse, du Monteverdi ou le célèbre et émouvant « E mi ne ne so 'ndao»

 

19 novembre 2022

Chronique de ma Venise en novembre : La Festa della Salute

 
Pour ma tante Randi,
In Memoriam.

Chaque 21 novembre depuis le XVIIe siècle, les vénitiens rendent un hommage solennel à la Vierge Marie, adorée spécialement en ce jour pour avoir mis fin à la terrible peste qui décima la population de la Sérénissime en 1630. Émouvante et joyeuse fête qui rassemble les vénitiens qui viennent en famille ou entre amis de l'aube à tard dans la nuit.

Jeunes et vieux, croyants ou non, tous se rendent à la basilique de la Salute en empruntant le pont de bois qui enjambe le grand canal pour quelques jours. Tous vont vers la Madonna della Salute, la Mesopanditissa. Enchâssée dans le grand autel en marbre avec sa somptueuse sculpture de marbre réalisée par le sculpteur flamand Giusto le Court où la vierge apparaît tenant dans ses bras l'Enfant-roi, accompagnée d'un groupe d'anges qui chassent la peste sous le regard d'une femme en prière, allégorie de la ville de Venise invoquant l'intercession de Marie, l'icône, très aimée par les vénitiens, fait l'objet d'une grande vénération,  depuis que le doge Morosini décida de l'exposer dans le sanctuaire en 1670 dont elle est depuis le symbole.
 

Le pont de bateau, inauguré la veille par le cardinal Francesco Moraglia, patriarche de Venise et le maire Luigi Brugnaro, voit ainsi passer des dizaines de milliers de pèlerins qui portent avec eux un cierge que la plupart ramèneront chez eux pour protéger la santé de eux qu'ils aiment ou veiller à la guérison de leurs malades. L'usage est de les allumer autour du maître-autel où une messe est célébrée toutes les heures. La foule reste dense toute la journée. Les policiers, très nombreux depuis quelques années, en uniforme autour de la basilique ou en civil parmi les fidèles, veillent à maintenir la circulation. À certains moments, il y a tellement de monde, qu'ils doivent organiser un sens, brandissant des panneaux indiquant le sens autorisé ou interdit. Tout cela se fait dans la plus grande sérénité, paisiblement et joyeusement. Il s'agit vraiment d'un moment de fête, un de ces temps aimés quand on se retrouve volontairement entre parents ou amis.Les touristes qui pour la plupart ne savent pas ce qui motive ce grand mouvement de foule semblent un peu hagards. Certains s'éloignent effrayés ou, comme le disait une dame en prenant le bras de son mari : "N'y allons pas. Laissons-les !". "Mais pourquoi donc ?" Répliqua l'homme. "Par pudeur." fut sa (jolie) réponse. 

Cette solennité n'a rien d'artificiel et, tout comme le Redentore, autre grande fête traditionnelle, rien ni personne ne l'a dénaturée. Traditionnel moment de retrouvailles d'un peuple aujourd'hui réduit en nombre mais qui resté attaché à ces traditions ancestrales. Toutes les générations s'y retrouvent dans un même entrain et une piété commune, témoignage que l'âme authentique de Venise coule encore dans les veines de son peuple. Joyeux témoignage d'authenticité et de vie dans un monde qui se délite, où des forces implacables sont en mouvement qui poussent à l'uniformisation des usages et des goûts et grignotent inlassablement nos différences et nos libertés au nom du profit et de l'ambition de quelques uns.

Voir les petits vénitiens tenant fièrement ces ballons gigantesques ballons qui flottent partout dans la foule et qui se régalent avec leurs parents de pommes d'amour rutilantes, de marrons grillés, de massepain et de nougat, entendre les rires, et plus revigorant encore, entendre tout ce peuple s'exprimer en dialecte, tous milieux sociaux et âges confondus, mais quel bonheur. Quelle joie. Quelle fierté aussi. En rentrant chez moi, hier soir après la prière de clôture dite par le patriarche dans une basilique noire de monde, après être passé par la sacristie où autour du patriarche, prêtres, séminaristes et enfants de chœur quittaient leurs vêtements sacerdotaux au milieu des bénévoles qui vendaient images pieuses et chapelets, après m'être recueilli comme des centaines d'autres derrière le maître-autel, après avoir admiré les somptueuses noces de Cana du Tintoret et le groupe de saints autour de Saint Marc du Titien et ce Saint Sébastien de Basaiti qui vole haut sur l'une des parois de pierre blanche de la sacristie, deux des tableaux qui ont illuminé mes années d'étudiant à Venise, après avoir traversé le cloître du séminaire, c'est une immense paix que je ressentais. Les marchands de gourmandises et d'objets religieux rangeaient leurs marchandises, des groupes de passants se répandaient partout, tout résonnait de joie et de paix. 

Rare moment de grâce qu'on retrouve aussi à la Saint Martin quand les enfants se répandent dans les rues, le soir du Redentore quand flotte sur le Bacino di San Marco tout l'esprit festif des vénitiens... Mais aussi chaque jour après l'école à San Giacomo, à Santa Maria Formosa, ailleurs encore, et le soir pour la passeggiata à San Luca ou a pied de la statue de Goldoni et plus tard du côté de la Misericordia, la Movida estudiantine... En dépit des hordes de touristes, vivre à Venise est et demeure un bonheur. 


 
Page publiée sur le blog en novembre 2019.

16 octobre 2022

Quoi de neuf à Venise ?

 
Je revenais l'autre jeudi d'une réunion à Montauban. Ne conduisant pas, mes déplacements depuis toujours se font le plus souvent en train. Pour m'y rendre, j'ai dû changer à Marmande, petite ville pittoresque. Par chance - il était à peine 9 heures du matin - le magasin de journaux de la gare était ouvert. C'est le supplément du Figaro qui retint mon attention, un numéro entier consacré à la "Venise éternelle"...
 
J'avais un peu moins d'une heure avant ma correspondance. Trouver un café ouvert si tôt le matin fut assez compliqué, la gare en travaux avait peut-être ou aura une brasserie comme toutes les gares se doivent d'en avoir, mais en l'occurrence rien en dehors d'un automate distributeur de boissons ou de sucreries. Et c'est en face que j'ai trouvé un débit de tabacs avec quelques tables à l'extérieur. 

Curieux comme en France, les gens commencent tard leur journée. En Italie, et notamment à Venise, on peut trouver dès avant 7 heures un endroit pour se restaurer, boire un café et manger une brioche. A Marmande avant 10 heures, il n'y a que ce Bar-Tabacs un peu glauque. Au moins le café était chaud, la tenancière aimable et les consommateurs matutinaux, déjà au Ricard pour certains et tous venus gratter un de ces tickets qui peuvent en un coup d'ongle changer la vie des joueurs. Deux vieux italiens
étaient attablés juste à côté de moi. Immigrés venus soixante ans plus tôt du Trentin. La conversation s'engagea vite quand ils virent la couverture de la revue. Ils ont quitté la Vénétie avec leurs parents alors qu'ils portaient encore des culottes courtes. L'un d'entre eux se souvenait de ses vacances chez un oncle à Jesolo. On a parlé de la lagune, de ses bateaux. C'était sympathique.

En évoquant cette rencontre inopinée, je m'apprêtais à rédiger un billet sur les embarcations vénitiennes. Le hasard d'une conversation tout à l'heure avec une amie, fidèle lectrice du blog et soutien des premiers jours qui en revenait, m'a rappelé que ce dimanche était le jour de la grande régate des gréements traditionnels, notamment de la régate al terzo (au tiers), - c'est-à dire des voiles auriques - très attendue et très belle surtout quand, comme ce dimanche, le temps est magnifique et l'air très doux. Cette course existe depuis une quinzaine d'année.


L'édition 2022 de la «Veleziana » ( la XVe), s'est donc tenue aujourd'hui à Venise, dans le Bassin de San Marco, du côté de l'Arsenal, face à la Biennale d'art contemporain qui entame son dernier mois d'ouverture. Cette régate et le grand évènement automnal pour la plaisance à Venise, grand moment pour les amateurs de voile hauturière est organisée par la Compagnia della Vela, dans le cadre du programme de « Le Città in Festa », réunissait plus de 250 participants qui se sont affrontés dans les eaux de la lagune. 
 
La Veleziana clôt une semaine importante pour la navigation dans le nord de l'Adriatique. Elle suit la Barcolana de Trieste, formant une combinaison d'événements attractifs qui attirent beaucoup de monde, tant du côté des participants que des spectateurs. Outre les professionnels de la voile, de nombreux passionnés se pressaient sur la ligne de départ ce dimanche matin à 11h,  au Lido, pour une arrivée au bout du bassin de San Marco. Les bateaux arrivés vendredi et samedi étaient amarrés pour la première fois à l'intérieur de l'Arsenal, où se tenait hier soir la soirée des équipages qui a été une belle réussite. 
 
Trois autres événements de voile étaient également prévus ce week-end. Vendredi les bateaux participants à la course Trieste-Venise, baptisée «Deux villes, une mer », (régate au large organisée en partenariat avec le Yacht Club Adriaco) sont arrivés à Venise. Puis samedi, plus de 60 Dinghy 12 ont participé à la IVème édition de la Veleziana Dinghy 12' Cup, co-organisée avec l'Associazione Velica Lido. Pour cet événement, jusqu'à 5 tests ont eu lieu dans le plan d'eau devant le siège de l'association Lidense et, à la fin, en plus des trois prix du classement, était décerné également le Prix Master (65 ans et plus), le Prix Super Master (à partir de 75 ans), le Prix Legend (à partir de 80 ans) et la Prix Féminin. Puis ce fut le tour de la course toujours très attendue, la course dédiée aux gréements auriques traditionnels, les splendides voiles au tiers (Vela al terzo) pour un défi qui leur est dédié, la fameuse Veleziana al Terzo.
 




[Crédits photographiques © Catherine Hédouin, 2022 pour les photos 3, 4, 5, 6]

16 juin 2022

Initialement prévue pour juin 2020, la France fêtée par Proloco Lido est enfin une réalité !

Il aura fallu beaucoup de patience et de détermination à tous les organisateurs pour mener à bien cette manifestation longuement concoctée dès 2019 et qui aurait dû se dérouler du printemps à l'automne 2020 si la crise sanitaire n'était pas venue tout bouleverser. Deux ans plus tard, le projet voit le jour et c'est, ce samedi, le moment le plus attendu : la dégustation de vins et de fromages français dans un des plus jolis hôtels du Lido, la Villa Mabapa où règne le fringant Antonio Vianello, dynamique directeur de l'établissement, à la tête d'un personnel sympathique et attentif à rendre aux visiteurs leur séjour le plus agréable possible et à l'avocat Luca Serafini, membres très actifs du mouvement Proloco Lido di Venezia-Pellestrina

Samedi, dès 20 heures une soixantaine de chanceux - ceux qui ont pris soin de prendre assez tôt leur réservation et quelques invités pourront goûter des vins bordelais issus de l'agriculture biologique et des fromages artisanaux amenés par les producteurs qui les feront déguster. Un groupe de musiciens accompagnera la soirée qui se déroulera dans les jardins de la Villa Mabapa, cet hôtel de belle renommée pour son accueil son style et la qualité de sa table. A ce propos, les hôtes ne se contenteront pas de vins et de fromages, mais ils se régaleront de plats traditionnels des provinces de France réinterprétés par le cusuinier et son équipe.

Pour ceux qui sont à Venise ce jour-là, venez ! Il reste encore quelques places.


06 juin 2021

Hier, nouvelle manifestation de la colère des vénitiens contre les Grandi Navi


Mes amis vénitiens ou étrangers étaient tous sur les Zattere hier où, dès 16 heures une grande manifestation contre le retour des Grandi Navi. Le premier d'une série qui arpentera le canal de la Giudecca et longera la Piazza san Marco et le palais des doges quittait la lagune avec plus d'un millier de passagers à bord. Le canal très large contenait des centaines d'embarcations de toutes tailles, microbes face au géant flottant qui avançait traînés par les remorqueurs. Le navire avait appareillé plus tôt que prévu, ruse grossière pour surprendre les manifestants qui s'étaient donnés rendez-vous pour la plupart à 16 heures. De partout affluaient des familels, des jeunes, écoliers, lycéens, étudiants, des familles au complet, et des personnes âgées, la plupart munis du fanion rouge et blanc que nous possédons tous à Venise et qui flotte aux fenêtres des maisons, qu'elles soient palais où masures. Une atmosphère bon enfant mais pas un esprit de liesse tant il est douloureux pour les vénitiens de voir que les édiles ne respectent ni les décisions gouvernementales, les coups de semonce de l'Unesco, les avertissements des uns et des autres. 

Comme toujours avec la junte municipale, la gouvernance du port, celle de la Région, ce sont les gros sous qui importent, cette illusion qu'il faut encore et encore davantage faire de l'argent. Non pas pour le bien public évidemment, pas pour l'intérêt de Venise et de ses habitants, mais pour les partis politiques, pour les caisses des entreprises et de leurs actionnaires qui ont intérêt à poursuivre la mise à mort du centre historique, le déploiement d'un tourisme de masse et la disneylandisation dela sérénissime, au profit de quelques uns, propriétaires terriens qui ne cessent de s'enrichir et bâtissent partout des complexes hôteliers, des centres commerciaux, tout pour attirer le gogo de passage, agravant jour après jour la désertification du centre historique, l'émigration des populations locales vers la terre-ferme, de plus en plus loin, là où les prix de l'immobilier locatif ou à l'acquisition sont plus abordables. 

 

Et le monde entier qui avait accueilli avec soulagement - et bon sens - l'interdiction qu'on nous disait définitive de ces mastodontes affreux qui avalent et déglutissent chaque jour entre 1000 et 1500 passagers pressés qui ne découvrent en quelques heures que la surface de la cité des doges, ne consomment presque rien (tout est dans leur forfait à bord), ne sont en général pas de fervents amateurs d'art et de vieilles pierres mais plutôt à la recherche des meilleurs spots pour leurs selfies qui prouveront qu'à leur tour, « ils ont fait » Venise comme on fait d'autre hot spots à travers le monde... 

Et au salon nautique de Venise, il y a quelques jours, le Trumplion local (la mèche postiche en moins) paradait sur son luxueux yacht avec quelques happy few triomphants, nouveaux riches qui rappellent les satrapes barbares du temps d'Alexandre, méprisant le peuple vénitien qui décidément ne comprend rien et s'entête à défendre la lagune et la cité de Venise quand pour le sindaco, ce qui compte c'est Mestre et Marghera, là où il y a du pognon à se faire... 

Mais toujours, comme me le rappelait hier soir au téléphone un ami vénitien très engagé dans le collectif contre les Grandi Navi : « la roue tourne et les peuples finissent toujours par reprendre en main leur destinée». Evviva Venezia ! Et comme le dit souvent cette vieille amie au nom glorieux  : «Venise vaut tellement mieux que ces gens vulgaires et incultes qui la gouvernent et ne sont meme pas vénitiens» !


Photographies : © Catherine Hédouin - juin 2021. Tous Droits Réservés

 

29 mai 2021

Alessandro, le voleur de livres


« Appelez-moi Alexandre, comme Alexandre le Grand ». Ce n'est pas par mégalomanie que l'homme qui a ainsi souhaité conserver l'anonymat demande à se faire appeler du nom du grand empereur. Seuls les carabiniers de Dolo, près de Venise connaissaient sa véritable identité, depuis qu'ils l'ont interpelé un jour par hasard.  Notre Alexandre n'est pas un chef de guerre, pas un espion ou un repenti de la maffia, ni un transfuge de l'Est. C'est plutôt un rat... de bibliothèque, un fanatique, un amateur de livres. Mais sa passion, il l'assouvissait d'une manière pour le moins surprenante.

La maréchaussée a découvert un jour chez lui plus d'un millier d'ouvrages dont la valeur est estimée à 80.000 euros. Essentiellement des titres scientifiques et universitaires, dont certains assez rares. Alexandre avait peu à peu constitué cette impressionnante bibliothèque en empruntant aux bibliothèques publiques de Vénétie, les livres sur lesquels il jetait son dévolu, sans jamais remplir une fiche de prêt. C'est celle de Mestre qui a lancé l'alerte. Mais cela aurait pu être aussi celle de Padoue, de Vicence ou de Mogliano, et à Venise, la Marciana, toutes ces institutions ayant vu leurs rayons s'alléger d'un grand nombre d'ouvrages. 

N'est-ce pas un joli sujet de scénario ou de nouvelle ? Mais se pose tout de même un petit problème éthique. La morale est dans l'ADN de Tramezzinimag et si aimer les livres à la passion, les voler ou les subtiliser pour son plaisir personnel au détriment des autres est difficilement admissible. Cherchons cependant des circonstances atténuantes à ce bibliomane. Rester dans la bienveillance et chercher à comprendre, c'est aussi dans notre ADN...

Au-delà de la valeur marchande de cette bibliothèque, des motivations profondes de notre Alexandre, il y a le livre. La magie, la fascination pour cet objet unique. Notre homme aime les livres, il les adore même, et rien dans ses actes ne peut être associé à de la malveillance, aucune intention de nuire, pas le moindre esprit de lucre. La passion, point.
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Le jour où la police l'a arrêté, il portait sans son sac à dos, trois livres qu’il venait de sortir clandestinement de la bibliothèque municipale de Mestre.: il n’avait pas demandé à les emprunter bien sûr. Les policiers ont constaté qu'il avait déjà retiré les antivols. Les policiers s'étant invités chez notre héros, ils ont pu découvrir dans son modeste appartement, une incroyable collection dédié à la chimie, la physique, les mathématiques,…), mais aussi des biographies et un choix très éclectique d'ouvrages d'histoire (de l’amiral Nelson aux monographies sur les Balkans et le Troisième Reich). Il y avait même plusieurs encyclopédies, toutes complètes.

L’homme avait construit une véritable bibliothèque personnelle. Les livres sont classés selon un système qui semble regrouper les volumes selon leur provenance, c’est-à-dire en indiquant la bibliothèque où l’ouvrage avait été emprunté. Les policiers ont trouvé pour chaque étagère une étiquette portant le nom d'une bibliothèque publique, "Ca Foscari", "Civica Mestre", "Marciana"... 

Le voleur de livres de Alessandro Tota et Pierre Van Hove

Voleur de culture 
Mais quel profil se cache derrière Alexandre s'interrogèrent les policiers ? On sait si peu de choses sur lui. Qu'il a 48 ans, qu'il est diplômé en chimie industrielle, qu'il n'a pas pu faire sa thèse, qu'il a travaillé comme assistant technique pour une université en Vénétie. Il raconte au Corriere del Veneto pourquoi il a volé tous ces livres. Il rêvait de construire une bibliothèque de qualité, pour combler un sentiment d’échec personnel, mais aussi pour l’amour de la culture : « Je n’ai rien accompli dans la vie », affirme-t-il ainsi. « Pourtant, tout d’un coup, je me suis retrouvé à construire, pièce par pièce,chez moi quelque chose d’aussi beau qu’une bibliothèque. J’aime l’odeur des livres, en feuilletant les pages. Mais par-dessus tout, j’aime apprendre. Je les ai tous lus, ces plus de mille tomes tirés des bibliothèques. »

Il le reconnaît lui-même, tout cela fait penser à du fétichisme, mais il préfère définir - justifier ? - son acte comme « un amour immense et sans limites pour tout ce que ces volumes contiennent ». C'est vraiment par amour de la connaissance qu'il se serait laissé aller à ce délit culturel. Mais aussi pour l'odeur des livres, leur masse le long des rayonnages. Tous les amoureux des livres comprendront. S'il avait été traduit en justice et que le juge, le procureur et les jurés s'avéraient des amateurs le livres, de fins bibliotphiles et de dévoreurs de pages, il ressortirait du tribunal avec un simple rappel du principe fondamental : « Tu ne voleras point ! » puis serrait applaudi pour son amour des livres. Signalons au passage qu'aucun des ouvrages n'avait été endommagé et qu'il expliquait les épousseter souvent en les manipulant avec respect...

Et pourtant, il affirme qu’il aurait voulu s’arrêter, mais qu’il n’arrivait pas.« Je ne pouvais plus m’arrêter. Mais, j’avais tout de même étudié un plan pour rendre les volumes.». Il projetait de les emmener dans une ferme abandonnée. Une fois les volumes bien alignés, il avait prévu d'appeler, depuis une des rares cabines téléphoniques encore actives. il en avait repéré une loin de toute habitation et donc des caméras de surveillance,  « j’aurais passé un coup de fil anonyme pour permettre de les retrouver. » Ce qui posait problème, c'était de transporter les livres dans la vieille maison. on ne sort pas facilement un millier de livres, dont certains de grand format... Il n'aura pas eu le temps - peut-être manquait-il d'assez de volonté pour passer à l'acte - de le faire et la police locale, cette fois, est arrivée avant lui.

Le voleur de culture n’a pas pour autant abandonné son rêve : « Tôt ou tard, je pourrai construire ma propre bibliothèque — affirme-t-il — mais cette fois, sans voler ». Il vient en effet de trouver un travail et il espère dépenser son salaire dans l’acquisition de livres. «il y en a tellement à lire !»